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Editorial Par Saïd Chekri
Jeudi 24 Juin 2010
C’est cette manie
très algérienne consistant à se suffire d’un rien pour se donner des allures
de grands parmi les grands qui est choquante et qui nous vaut bien des déboires. Face aux Verts, les Américains ont souffert avant
d’arracher leur
qualification, alors one,
two, three…
“On s’en
souviendra, les Américains ont souffert pendant 90 minutes.”
Cette petite phrase, débitée
avec une fierté non contenue à l’issue du dernier
match des Verts, hier, au Mondial 2010, est du reporter de l’ENTV, connu pour affectionner les envolées lyriques à pleins décibels et à longueur de match.
Certes, il s’agissait de se
conformer à ce qui relève
de l’usage en vigueur à l’“Unique” : “positiver” en toutes circonstances. Mais fallait-il jouer au psy courant au secours de supporters désappointés
et festoyer, avec une telle indécence, au moment où les Algériens étaient effondrés de dépit ?
Car, en l’occurrence,
les circonstances n’étaient
pas particulièrement réjouissantes.
L’équipe d’Algérie venait de perdre un match qu’elle se devait de gagner pour arracher un ticket
pour le second tour de ce Mondial.
Elle venait surtout de
quitter la compétition avec un bilan
pire que celui de 1986 : un petit point, deux
défaites, un match nul, deux cartons rouges, zéro but au compteur et… une journaliste giflée par Saïfi (lire page 4). Il est vrai qu’à l’entame
du match face au onze américain,
l’espoir était déjà maigre, les Fennecs s’étant déjà mis en mauvaise posture depuis leur défaite
face à la Slovénie. Il n’est
pas désastreux de voir les camarades de Yebda quitter l’Afrique du sud aussi tôt. C’est
là un scénario que nous vivons pour la troisième fois. One, two, three, c’est le cas de le dire… On n’avait pas tenu plus longtemps en 1982, en Espagne, malgré l’exploit de Gijon, encore
moins au Mexique, en 1986 où “l’altitude et l’humidité” ne nous avaient pas empêchés de marquer un but. C’est cette manie
très algérienne consistant à se suffire d’un rien pour se donner des allures
de grands parmi les grands qui est choquante et qui nous vaut bien des déboires. Face aux Verts, les Américains ont souffert avant
d’arracher leur
qualification, alors one,
two, three…
Le verbe
glorifiant du reporter de l’“Unique”
a toutefois le mérite de décliner un certain état d’esprit national qui, on l’a vu
au fil des matchs, n’épargne pas le coach des Verts : les Algériens, qu’ils jouent face à la Slovénie, l’Angleterre ou les USA, ne peuvent prétendre qu’au statut d’outsiders.
Ainsi, la défaite est “naturelle”, le nul est “honorable” et la victoire, quant à elle, est un “exploit” dont on peut rêver mais…
modérément, sans vraiment y
croire. Cela a un nom : défaitisme. Et c’est cela qui nous tient lieu à la fois de philosophie et de tactique. D’où cette hardiesse offensive qui, dans ce Mondial,
a manqué terriblement à Rabah
Saâdane. À trois reprises, comme par fidélité au slogan fétiche des Algériens : one, two, three…