Students at Virginia Tech watch the tragedy unfold, Apr.
16.
Le
Monde, France
An American Tragedy
"The slaughter at Virginia Tech
University forces American society to once again
confront itself, its violence, the gun fetishism that preoccupies part of the
population and the dissoluteness of young people subject to the dual-tyranny of
abundance and competition."
EDITORIAL
Translated
By Pascaline Jay
April
17, 2007
France
- Le Monde - Original Article (French)
The
slaughter at Virginia Tech University forces American society to once again
confront itself, its violence, the gun fetishism that preoccupies part of the
population and the dissoluteness of young people subject to the dual-tyranny of
abundance and competition. It would be unjust and false to reduce the United
States to the image it often attracts - of rages of death to which isolated
individuals occasionally yield to. But if events of this kind are exceptional
elsewhere, they frequently disfigure the "American Dream."
All that
George Bush found to say after expressing his condolences, was that, "schools should be places of safety,
sanctuaries devoted to study." For this Republican President, former
governor of Texas, champion of the states of the central and southern American
states where "prairie" culture endures, the Blacksburg massacre
cannot be anything but the tragic aberration of a single individual. In the
eyes of Mr. Bush, the question of gun control in the Unites States is not and
should not be raised.
There is
no reason to be shocked, since the American chief executive is supported by a
party that in 2004 went as far as refusing to re-approve the prohibition on
sales of assault rifles put into place in 1994 by a Congress with a Democratic
majority under Bill Clinton. The latter had the courage to confront the weapons
lobby, but he had to limit his ambitions to two appropriate yet modest
measures: the obligation for arms merchants to check that buyers lack a
criminal record and forbidding the sale of assault rifles.
Firearms
bear such great importance in American ideology that Democrats, however
inclined they might be that the cult of personal freedom must be balanced by
the public good, can tackle this issue only with caution. During the last
presidential election, Democratic candidate John Kerry took care not to suggest
a more serious proposal. Pressure from the National Rifle Association,
America's most powerful lobby which is capable of organizing local campaigns
against members of the House of Representatives or Senators hostile to their
opinions, mainly explain this pusillanimity.
Bit in a
country where "the right to own and
carry a firearm" is written into the Constitution and where one
estimates the number of firearms at 192 million, the issue isn’t limited to one
specific lobby. After the tragedy, voices rose deploring the fact that
professors and students aren’t authorized to carry weapons, since one of them
could have neutralized the killer. With such reasoning, America is far from
getting its violence under control.
French Version Below
Tragédie américaine
LE MONDE
| 17.04.07
La tuerie de l'Université polytechnique de Virginie impose à la société américaine
un nouveau face-à-face avec elle-même,
sa violence, le fétichisme
des armes qui habite une partie de la population, les dérèglements d'une jeunesse soumise à la double tyrannie de l'abondance et de la compétition.
Il serait injuste et surtout faux de réduire les Etats-Unis à l'image qu'en
donnent, de façon récurrente, les accès de fureur meurtrière auxquels cèdent des individus isolés. Mais des faits de cet ordre
sont exceptionnels ailleurs, alors qu'ils viennent fréquemment défigurer le "rêve américain".
Tout ce que
George Bush a trouvé à
dire, une fois exprimées ses condoléances,
est que "les écoles devraient être des lieux de sécurité, un sanctuaire consacré à l'étude".
Pour ce président républicain, ancien gouverneur du Texas, champion de ces Etats du
centre et du sud de l'Amérique où l'on
entretient la culture de la "prairie", le
massacre de Blacksburg ne renvoie
à rien d'autre
qu'à la tragique aberration
d'un individu. Aux yeux de
M. Bush, la question du commerce des armes aux Etats-Unis n'est pas posée et n'a pas à
l'être.
Il n'y a pas lieu de s'en étonner puisque le chef de l'exécutif américain s'appuie sur un parti qui est allé
jusqu'à refuser, en 2004,
de reconduire la prohibition du
commerce des fusils d'assaut, votée
par un Congrès à majorité démocrate, en 1994, sous la présidence de Bill
Clinton. Ce dernier avait eu le courage d'affronter le
lobby des armes à feu, mais il avait dû limiter ses ambitions à deux mesures
certes opportunes, mais modestes : l'obligation faite aux armuriers de vérifier que les acheteurs n'aient pas d'antécédents judiciaires et l'interdiction de la vente des
fusils d'assaut.
Les armes font partie de l'idéologie américaine à un point tel que les démocrates, pourtant enclins à considérer que
le culte de la liberté individuelle doit être équilibré par l'intérêt général, n'abordent ce
sujet qu'avec prudence. Lors de la dernière campagne présidentielle, le candidat démocrate, John Kerry, s'est bien gardé
de prendre position en faveur
d'un encadrement plus sérieux.
La pression de la National Rifle Association, lobby
le plus puissant des Etats-Unis, capable d'organiser des campagnes locales
contre un député ou un sénateur
hostile à ses vues, explique en grande partie cette
pusillanimité.
Toutefois,
dans un pays où "le
droit de posséder et de
porter une arme" est inscrit dans
la Constitution et où l'on estime à 192 millions le nombre des armes à feu, le problème
n'est pas seulement celui d'un groupe d'intérêts particuliers. Après la
tragédie, des voix se sont élevées pour déplorer que les professeurs et les étudiants ne soient
pas autorisés à s'armer, car l'un d'entre eux aurait
pu neutraliser le tueur. Avec de tels raisonnements, l'Amérique n'est pas près de maîtriser sa
violence.