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Le Figaro, France

'300' Unites Iranians Like Nothing Has in Years

 

"For once, it's a subject upon which Iranians are in near-unanimous agreement, from the regime's leadership to the exiled Diaspora."

 

By Delphine Minoui

 

Translated By Sandrine Ageorges

 

March 22, 2007

 

France - Le Figaro - Original Article (French)

Tehran: Iranians are crying scandal. Since the release of the American production 300, they haven't ceased denouncing the way their ancestors, the Persians, are depicted as savage murderers, ill-tempered and bereft of soul - with a flurry of articles in the press, petitions on the Internet and political speeches. And for once, it's a subject upon which Iranians are in near-unanimous agreement, from the regime's leadership to the exiled Diaspora. Because it touches a nerve: national pride tied to a rich history.

 

"It's an anti-Iranian plot, which targets the ancient civilization of Persia," protests Saeed Taherzadeh, a 27-year-old bank clerk who bought the movie on the black market.

 

Produced in the United States and forbidden in Iran – as are the majority of American films - 300 might have passed unnoticed in the Iranian capital. But in the kingdom of pirate copies, the scandalous production is selling like hot cakes for the equivalent of 2 euros. Many in Tehran have seen it, like Saeed Taherzadeh, or at least know enough to discuss it.

 

Adapted from a comic book American Frank Miller, the movie doesn't pretend to be historically accurate. It deliberately revisits the battle of Greek General Leonidas against the Persians in 480 BC, which proved a major turning point in the progression of the Achaemenid Empire .

 

"But that's no reason to portray King Xerxes as a homosexual and present the Persian army as a band of monsters!" complains Amir Eslami, a student from Teheran and signatory to one of the many anti-300 petitions circulating on the Internet. The affair has reached a fever pitch on the Web, where criticism and calls for a boycott of the film are pouring in from every direction - from Teheran to Los Angeles - where there is a large Iranian community.

 

The Iranian press has followed suit. "Hollywood declares war on Iranians," stated reform newspaper Ayandeh Nou earlier this week. "The film is so violent and bloody that it was even criticized by the Americans. Furthermore, it conveys a false version of history while making Persians out as weak and cowardly," the conservative daily Keyhan protested indignantly.

 

FALSIFYING HISTORY

 

The scandal surrounding 300 (on screens in France as of yesterday) was quickly seized upon by the Tehran authorities and put to political use, who saw in the occasion an opportunity to denounce "the psychological warfare of the United States," with tensions over its nuclear program clearly in the background. President Mahmoud Ahamadinejad added his two-cents yesterday, accusing the Americans of "falsifying history."

 

"With psychological war, propaganda and the hijacking of organizations that they themselves created, governed by rules they set and over which they have a monopoly; they are attempting to prevent the development of our nation," he said indignantly.

 

In this tense context, the Ayatollah Ali Khamenei, Iran's Supreme Leader, said yesterday that Teheran, "will use all of our capabilities to answer the threats and any use of force" against Iran. WATCH .

 

FRENCH VERSION BELOW

 

Téhéran dénonce une "guerre psychologique" de l'Occident

 

A Téhéran,  DELPHINE MINOUI.

 

Publié le 22 mars 2007

 

La façon dont les Perses sont décrits dans le film américain 300 est vivement dénoncée en Iran.

 

LES IRANIENS crient au scandale. Depuis la sortie américaine du péplum 300, ils ne cessent de dénoncer la façon dont leurs ancêtres, les Perses, y sont dépeints en meurtriers sauvages, sans âme et sans retenue. À coup d'articles de presse, de pétitions sur Internet, et de discours politiques. Et pour une fois, c'est un sujet qui fait la quasi-unanimité, des leaders du régime à la diaspora en exil. Parce qu'il touche une fibre sensible : la fierté nationale, qui se rattache à un riche passé historique. « C'est un complot anti-iranien, qui vise l'ancienne civilisation de la Perse », s'insurge Saeed Taherzadeh, un employé de banque de 27 ans, qui s'est procuré le film au marché noir.

 

Produit aux États-Unis et in­terdit d'écran en Iran - comme la plupart des films américains -, 300 aurait pu passer inaperçu dans la capitale iranienne. Mais au royaume des copies pirates, le péplum à scandale se vend comme des petits pains, pour l'équivalent de 2 euros. Nombreux sont les Téhéranais qui l'ont vu, comme Saeed Taherzadeh, ou, du moins, en ont entendu parler.

 

Tiré d'une bande dessinée de l'Américain Franck Miller, ce film ne prétend pas être historique. Il revisite délibérément la bataille du général grec Léonidas contre les Perses, en 480 avant J.-C., et qui marqua un tournant dans la progression de l'empire achéménide. « Mais ce n'est pas une raison pour faire du roi Xerxès un homosexuel et pour présenter l'armée de Perse comme une bande de monstres ! », râle Amir Eslami, un étudiant téhéranais, signataire d'une des nombreuses pétitions anti-300 qui circulent sur Internet. L'affaire a, en effet, très rapidement déteint sur le Web, critiques et appels au boycottage du long-métrage fusent de toutes parts, de Téhéran à Los Angeles, qui héberge une importante diaspora iranienne.

 

La presse iranienne a emboîté le pas. « Hollywood déclare la guerre aux Iraniens », titrait, en début de semaine, le journal réformateur Ayandeh-No. « Le film est si violent et sanglant qu'il a même été critiqué par les Américains. De plus, il véhicule une version fausse de l'histoire en faisant passer les Perses pour des faibles et des lâches », s'est indigné le quotidien conservateur Keyhan.

 

« Falsifier l'Histoire »

 

Le scandale autour de 300 (sur les écrans en France depuis hier) n'a pas tardé, non plus, à être récupéré politiquement par les autorités de Téhéran, qui y voient l'occasion de dénoncer « une guerre psychologique des États-Unis », sur fond de tensions autour du dossier nucléaire. Le président Mahmoud Ahmadinejad y est allé, hier, de sa petite phrase en accusant les Américains de « falsifier l'Histoire ». « Par la guerre psychologique, la propagande et le détournement des organisations qu'ils ont eux-mêmes créées et dont ils ont fixé les règles, et dont ils ont le monopole, ils tentent d'empêcher le développement de notre nation », s'est-il indigné.

 

Dans ce climat tendu, l'ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême iranien, a affirmé, hier, que Téhéran « utilisera toutes ses capacités pour répondre aux menaces et à l'utilisation de la force » contre l'Iran.