Justice

 

25 novembre 2014

 

«No justice, no peace», crient les manifestants de New York à Saint Louis, de Seattle à Philadelphie, après l’acquittement du policier blanc qui a abattu Michael Brown, un jeune Noir désarmé à Ferguson cet été. Ce slogan, lointaine allusion à un discours de Martin Luther King, apparut après la mort de Michael Griffith, tué par une bande de petits Blancs en 1986 à Howard Beach, à New York.

 

Depuis, des dizaines de jeunes Blacks ont été tués en Amérique par la police ou par des racistes surarmés. Ces crimes restent le plus souvent impunis, comme si rien n’avait changé depuis Martin Luther King. «Nous voulons êtres traités comme des Américains, nous voulons une justice juste», disaient lundi soir les parents en pleurs de Michael Brown.

 

Ce verdict a beau avoir été rendu par un jury populaire, formé de Noirs et de Blancs, qui a fait son travail selon tous les spécialistes, les communautés afro-américaines ne croient pas en la justice de leur pays. Ferguson est très très éloigné de l’Amérique post-raciale rêvée par Barack Obama.

 

Cette banlieue du Missouri, noire à 70%, mais la police est hégémoniquement blanche, tout comme le maire, devient l’image de toute une nation.

 

Pour trop de jeunes hommes noirs, l’exclusion, le chômage, les brutalités policières et la prison apparaissent comme un horizon indépassable. Comme l’écrivait cet été une militante des droits civiques, «la fondation de la démocratie américaine, de nos libertés, sera fracassée tant que nos corps noirs seront maltraités, et que rien n’est fait».

 

Par François SERGENT