![]() |
Your Most Trusted Source of Foreign
News and Views About the United States
|
By Guy Sorman*
September 13, 2005
Le Figaro - Home Page (French)
Bad news for anti-Americans: The United
States will not be the next Atlantis and will not be engulfed by Hurricane
Katrina, just as it was not destroyed by the attacks of September 11. Once again, it appears that American
society will be more than able to absorb the blow and rebound. Just like San
Francisco in its time, after the
great earthquake of 1906, and then Manhattan in 2001, New Orleans will be rebuilt. This prediction is based on the
history of the
A vast decentralized nation, the feebleness
of its federal government exposes it to adversity, whether it be from
nature or terrorists; but the effectiveness of the market and its civil
society supports recovery, without needing to wait for the federal government
to provide for it. It is known that Manhattan has been restored by private support; likewise,
one already sees the Chamber of Commerce, with an effectiveness based on
economic logic, planning the rebuilding of New Orleans. One could also note something that has hardly been
mentioned outside the
Is this to say that things will continue
in the same way they have been? “The image of the
On the other hand, what is more significant
than the anti-American compassion-jubilation will be the evolution of the
role of the central State, or the federal government in the
Ike With Senator Prescott Bush, George W.'s Grandpa
Would the Americans, the Republicans in particular, give up their ideological preferences for a smaller State? They already have: since 2001, neoconservative intellectuals like Francis Fukuyama leading the charge, have incessantly written that a free society requires a strong State. This is something that is rarely observed outside. But a State of security, a night watchman that stands guard 24 out of 24 hours, while at the same time dismantling its more social, cultural, and educational roles, instead relying on the free market, charitable foundations and local governments. The hurricane reinforces this neoconservative vision of the State: its central role being to reinforce security, civil society and the market doing the rest.
* Essayist
Après Katrina, un Etat américain plus fort
Par Guy Sorman *
13 septembre 2005
Mauvaise nouvelle pour les antiaméricains : les Etats-Unis n'étant pas l'Atlantide, ils ne seront pas plus engloutis par l'ouragan Katrina qu'ils ne furent anéantis par les attentats du 11 Septembre. De nouveau, il apparaîtra que la société américaine dispose d'une grande faculté d'encaisser les coups et de rebondir. Comme San Francisco en son temps, après le tremblement de terre de 1906, puis Manhattan en 2001, La Nouvelle-Orléans sera reconstruite. Ce pronostic se fonde sur l'histoire des Etats-Unis, mais plus encore sur une analyse de sa société.
Vaste nation décentralisée, la faiblesse de l'Etat central l'expose à l'adversité, celle de la nature ou des terroristes ; mais l'efficacité de la société civile et du marché, sans trop attendre que le gouvernement y pourvoie, favorise la récupération. On sait que Manhattan est restauré par des promoteurs privés ; pareillement, on voit déjà la chambre de commerce, dans une logique d'efficacité économique, planifier la reconstruction de La Nouvelle-Orléans. On notera aussi, ce qui est peu mentionné en dehors des Etats-Unis, que quelque 500 millions de dollars ont été collectés par les voies privées des églises et fondations au profit des victimes. Croire que ces victimes attendent tout de leur gouvernement, sanctions et réparations, est une projection médiatique et fantasmatique de nos moeurs sur les leurs.
Est-ce à dire qu'il ne s'est rien passé et que tout continue à l'identique ? L'image des Etats-Unis, dit-on, s'est dégradée ; il y a du tiers-monde dans cette puissance-là. Mais la réputation des Etats-Unis étant déjà au plus bas, sa dégradation ne changera rien ni à l'intérieur ni en dehors. Les non-Américains qui en imagination avaient deux fois voté contre George Bush ont perdu deux fois ; les Américains en sont peu influencés, la ligne de partage chez eux entre républicains et démocrates n'est pas affectée par Katrina ou al-Qaida, et moins encore par ce que l'on pense ailleurs. Politiquement, idéologiquement divisés selon une ligne de fracture radicale, les Etats-Unis l'étaient avant et le resteront.
Plus significatif en revanche que la compassion-jubilation antiaméricaine sera l'évolution du rôle de l'Etat central, fédéral, aux Etats-Unis. L'ouragan Katrina est vécu comme un échec des pouvoirs locaux tout autant et plus encore qu'une défaillance du gouvernement de Washington. Ce sont les élus locaux qui ont aussi refusé d'investir dans les services publics et les infrastructures, autant que le Congrès des Etats-Unis dans cette société où, de toute manière, personne ne veut payer d'impôts. On envisagera donc que Katrina, s'ajoutant au 11 Septembre et allant dans le même sens, renforcera la mission sécuritaire, à l'intérieur après l'extérieur, du gouvernement central ; cette tendance était engagée avec la création d'un ministère de la Sécurité, elle devrait se poursuivre avec la création d'un ministère des Infrastructures. On pense à un précédent, républicain, lorsque le gouvernement d'Eisenhower, dans les années 50, entreprit le maillage autoroutier des Etats-Unis. On imagine volontiers un autre gouvernement républicain, celui de George Bush, adoptant une initiative comparable.
Les Américains, les républicains en particulier, renonceraient-ils à leur préférence idéologique pour un Etat minimum ? Ils y ont déjà renoncé : depuis 2001, ce qui est peu observé à l'extérieur, les intellectuels néoconservateurs en tête, comme Francis Fukuyama, ne cessent d'écrire qu'une société libre exige un Etat fort. Mais un Etat de sécurité, veilleur de nuit mais vingt-quatre heures sur vingt-quatre, se défaisant par ailleurs de ses missions sociales, culturelles, éducatives, sur le marché, sur les fondations charitables et sur les administrations locales. L'ouragan renforce cette vision néoconservatrice de l'Etat : au centre la sécurité renforcée, à la société civile et au marché tout le reste.
* Essayiste.