La Lune aux Chinois, Mars aux Etats-Unis

 

ÉDITORIAL

 

PIERRE-YVES FREI

 

27 Mai 2008

Qu'on se le dise, Mars appartient aux Etats-Unis! Question d'orgueil national. L'«amarsissage» de la sonde Phoenix, dont on espère qu'elle tranchera la question de la présence de glace d'eau sur la quatrième planète du système solaire, le confirme une fois encore. C'est un magnifique succès pour la NASA, qui suit celui des deux rovers, Spirit et Opportunity.

Victoire technique, scientifique, mais également politique. Car au même titre que la Lune fut conquise pour des raisons de guerre froide entre les Etats-Unis et l'URSS, la conquête de Mars recèle la volonté américaine de garder le leadership spatial. La Russie ne pouvant plus prétendre au titre de concurrent, l'Europe ayant des moyens par trop modestes, il n'y a guère que la Chine, toujours prompte à faire son retard, qui puisse le disputer aux Américains.

Or, justement, Pékin a envoyé son premier satellite lunaire en 2007 et promis d'envoyer des hommes sur la Lune avant 2025. Du coup, les Etats-Unis, par la voix de leur président, ont aussi annoncé leur intention de retourner sur la Lune, et même d'y établir une base qui servira de marchepied pour un vol habité vers Mars en 2029. Et toc!

La facture? On évoque 500 milliards de dollars. Du coup, c'est à se demander si toute cette histoire ne relève pas de l'effet d'annonce. Empêtrée dans la rigueur budgétaire, la NASA se tourne de plus en plus vers le secteur privé. Quel pays figurera-t-il sur le premier drapeau planté sur Mars? Ou plutôt, quelle marque?