Tea time

 

Ils sont Blancs, ils sont mâles ou femelles, ils sont conservateurs. Ce sont surtout des populistes qui constituent un bizarre assemblage de chrétiens, anarchistes de droite, républicains déçus. Leur idole est le fanatique présentateur Glenn Beck de l’horrible network Fox TV; leur héroïne l’hystérique ex-candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin.

 

Danièle Fonck

 

Ils détestent les démocrates et exècrent le président Obama, accusé de tous les maux de la terre, considèrent les républicains comme des traitres, mais avaient omis jadis de critiquer George Bush Jr.

 

Persuadés que la panacée est de revenir quatre siècles en arrière, ils rêvent de l’Amérique du Mayflower, de celle de Sir Walter Raleigh (qui donna son nom à la capitale de la Caroline du Sud), s’épanouissent dans des happenings les pom-pom girls sentent bon le bleu-blanc-rouge et sont persuadés que le péché originel, celui de la trahison, remonte à 1912 et à Woodrow Wilson ...

 

Eux, ce sont les membres du Tea Party, non des Tea Parties, un réseau en somme, très à l’affût sur le net, et prêt à se battre pour faire gagner un maximum de (leurs) candidats aux élections du midterm, c.-à-d. deux ans avant la présidentielle, de sorte à faire basculer la majorité à Capitol Hill (Congrès et Sénat).

 

Irréalistes et nocifs

 

Qu’ils se battent pour un retour aux libertés et contre la société des interdits, on peut le comprendre et même y souscrire.

 

Mais la compréhension s’arrête .

 

Le Tea Party rêve de „sauver l’Amérique“ en taillant dans l’administration, dans la Federal Reserve, en réduisant les impôts, en supprimant le ministère de l’Education, l’Agence pour l’environnement, en favorisant la libre entreprise sans contraintes et sans contrôle aucun. Fini l’assurance-chômage, quitte à préserver (au début) l’assurance santé publique des seniors qui coûterait trop de voix. Fini aussi la politique du „socialiste“ Obama, la presse gauchiste, voire gauchisante, l’oppression de la minorité blanche.

 

Aussi étonnant que cela paraisse: les Tea Party disposent de fonds de campagne considérables et s’en servent contre le „man-man kenyan crypto-musulman“, lisez Barack Obama.

 

Le plus rigolo est qu’ils risquent de faire perdre des voix au parti républicain dont leurs troupes sont issues.

 

Un fait est: les démocrates pourraient perdre les élections de novembre et avec elles, leur majorité. Ce qui n’augure en rien du résultat de la prochaine élection à la Maison Blanche. Car plus d’un président (démocrate ou républicain) a composer et cohabiter avant d’être réélu.

 

Le Tea Party menace-t-il le traditionnel équilibre bipartite états-unien? Jusqu’à présent, ce dernier a toujours triomphé des engouements passagers d’une partie de l’électorat. En attendant, les républicains – au lieu de condamner le phénomènecomposent avec cette nouvelle extrême droite dite „soft“.

 

dfonck@tageblatt.lu