Les dirigeants français commémorent le 11-Septembre
Les leaders d’hier et d’aujourd’hui
réunis à l’heure du
souvenir et du bilan
Caroline Fontaine et Mariana Grépinet - Paris Match
Paris, 11 septembre,
14 h 46*. Le premier avion percute
la tour Nord du World Trade Center. En France, la secrétaire de Lionel Jospin, prévenue, interrompt un rendez-vous du Premier ministre et allume la télévision. Dans le pays, tout le
monde en fait autant. Un peu plus de sept mois plus tard, Jean-Marie Le Pen
accède au second tour de l’élection
présidentielle. En dix ans, la France a changé. A nouveau, elle est à la veille
d’une présidentielle.
En septembre,
un discours «important» de
Sarkozy à New York
C’est l’heure du souvenir et des bilans. Il
y a ceux qui étaient aux manettes. Ils
seront nombreux à se rendre au 7e Congrès
international des victimes du terrorisme,
qui, pour la première fois, se tient
à Paris du 15 au 17 septembre. « Nous
l’avons séparé de la date
du 11 septembre pour ne pas
mélanger le temps de la réflexion
avec celui de l’émotion »,
assume Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur général de l’Association française des victimes du terrorisme. Lionel Jospin, Elisabeth Guigou, tout comme José Aznar, l’ancien chef
du gouvernement espagnol, y
seront. Y assisteront aussi ceux qui dirigent le pays aujourd’hui : Nicolas Sarkozy et les ministres
Claude Guéant, Michel Mercier et Alain Juppé. Quelques jours plus tard, le 22 septembre, le président de la République, en déplacement à New
York, devrait prononcer, au
pied de la statue de la Liberté, pour son 125e anniversaire, un discours qu’on annonce « important ».
Eva Joly
et le concept de «guerre préventive»
Qu’ont retenu les leaders d’aujourd’hui de cet événement ?
Pour François Bayrou, cette
date a marqué un tournant : « Les démocraties ont pris conscience de leur fragilité. Ce fut
aussi le commencement d’une
guerre qui n’est pas achevée
entre les réseaux terroristes et nos
sociétés si souvent inconscientes de leur chance. » Pierre Moscovici,
qui participera ce
dimanche 11 septembre à une cérémonie d’anciens
de la Libération, fait « le parallèle entre différents types d’oppression, entre le nazisme et le fanatisme ». Le 11 septembre 2001, lui qui était alors ministre
des Affaires européennes voit
« un gros nuage », une immense fumée par le hublot de son avion qui l’emmène à Boston. Pour Eva Joly,
« l’Histoire a basculé ce jour-là, l’attaque
terroriste créant un stress
sécuritaire dans les populations occidentales ». La
candidate écologiste fera de la place de la défense
un des thèmes de sa campagne. Elle considère que « cette attaque
a également entraîné une conception nouvelle
de la défense basée sur une guerre préventive ».
Elle insiste
sur le fossé creusé par la guerre d’Irak « entre le monde arabo-musulman et l’Occident, qui s’est traduit par une montée de la peur face à l’islam ». Et ajoute : « J’ai aussi
en mémoire l’autre 11 septembre, le coup d’Etat au
Chili, une autre attaque violente contre la démocratie. » Jean-Luc Mélenchon partage les mêmes références : le 11 septembre, il ira déposer
une gerbe à la mémoire du président Salvador Allende, décédé trente-huit ans auparavant, jour pour jour.