La NSA nous espionne! Quelle surprise!
Par
Jean-Paul Baquiast
07
juin 2013
La
presse anglo-américaine découvre ces jours-ci
avec une louable horreur que la NSA (National Security Agency, surnommée
No such Agency) et autres agences
de renseignement américaines
espionnent les communications téléphoniques
et messages sur Internet depuis
au moins quelques années.
Tout
le monde y a droit, non seulement
les supposés terroristes mais les bons citoyens
américains, sur le territoire de l'Union comme à l'étranger. Bien évidemment, chaque non-américain sur la planète, possible ennemi des Etats-Unis du fait qu'il n'est pas américain, est également écouté. C'est le programme PRISM, mis en place par Bush et reconduit
par Obama en décembre dernier, qui autorise ces entorses
aux libertés civiques.
Nous
pensions pour notre part connaître
depuis longtemps ces hauts faits
de la NSA, depuis les temps
lointains d'Echelon. Ceci flattait même
notre égo de scribouillards. Nous ne sommes pas
si insignifiants que nous le pensons, nous disions-nous entre nous, puisque
la NSA s'intéresse à nos points et virgules, les mets
en mémoire, les compute et les analyse.
Nous en avions fait depuis longtemps des sujets d'articles. Voyez notre dernier papier, en date de juin 2006, sur ce site
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=925&r_id=
Il
est bien évident que personne
ne pourra jamais arrêter cela, quelles
que soient les vertueuses indignations de la presse
mainstream. Accumuler des montagnes
de données au siège de la NSA, complétées par ces autres montagnes
de données que les Google, Facebook, Amazon et consorts accumulent
dorénavant sur nous, fait vraiment partie des gènes du Système. Lorsque l'on domine
les réseaux numériques, pourquoi s'en priver?
Mais à quoi serviront
ces données. La NSA a-t-elle empêché
de nuire un seul terrorisme sérieux, depuis qu'elle s'est engagée dans
ces milliards de dollars d'investissements? Si oui, cela se serait su.
Ce qui va probablement se passer sera tout différent.
Comme le prévoient nos amis experts des algorithmes, tous les programmes de recherches qui naviguent désormais sur le mode automatique au sein de ces fichiers
finiront par s'auto-activer.
Des personnes quelconques, vous et moi peut-être,
en rien des terroristes, seront signalées dans la plus grande discrétion à d'autres programmes, en charge d'éradications
anonymes. Un
drone ou des mercenaires
des "forces spéciales" se chargeront des nécessaires éliminations. Leurs voisins imputeront ces disparitions à des crises subites de neurasthénie. Un climat de peur généralisée (ou landscape of
fear) se mettra en place, de sorte
que chacun s'efforcera de rester le plus tranquille possible 1). Le sommeil
d'Obama n'en sera donc pas troublé.
Sources
*
Article du Guardian « NSA PRISM program taps in to
user data of Facebook, Yahoo and others »
http://www.guardian.co.uk/world/2013/jun/06/us-tech-giants-nsa-data
*
Article du New York Times « U.S. Says It Gathers Online Data Abroad »
http://nyti.ms/19LxW8u
1)
On appelle "lansdcape
of fear" l'effet que provoque la présence d'un prédateur, fut-il parfaitement calme, parmi des populations de proies potentielles. Celles-ci réduisent toutes leurs activités, y compris les plus vitales, et renoncent à l'usage d'une partie de leur territoire, en prévision d'une possible attaque. Voir NewScientist,
Ier juin 2013, p. 36