Panacée jihadiste!

 

Nagib AOUN

 

16/12/2013

 

De mensonges en compromissions, de fanfaronnades en volte-face, la conséquence ne pouvait être que celle à laquelle on assiste aujourd'hui : une Syrie pulvérisée, gangrenée, qui propage aux pays environnants le mal qui la ronge, et un jihadisme fou qui n'est que le pur produit d'une barbarie étatique à laquelle l'Occident trouve aujourd'hui des attraits jusqu'alors méconnus...

 

Crier au scandale, à la chute des valeurs de droit et de justice, dénoncer le déni dans lequel s'enfoncent l'Europe et l'Amérique réunies, c'est comme asséner un coup d'épée à une eau polluée : les dés sont jetés et la partie de poker menteur suit son cours sur une scène macabre jonchée de cadavres.

 

De toute évidence, les pays occidentaux n'entendent plus jouer un rôle déterminant pour interrompre l'engrenage infernal qui a déjà fait plus de 130 000 morts et jeté des millions de personnes sur les routes de l'exode. Tout juste consentent-ils à jouer les faux témoins dans une conférence de paix condamnée à l'avance, un Genève 2 déjà miné par les conditions des uns et des autres.

 

Oublié, bien enterré le projet d'intervention militaire qui aurait pu bouleverser la donne, neutraliser le tyran et stopper la montée en puissance de la barbarie jihadiste. Aujourd'hui, la France n'a d'yeux que pour l'Afrique, elle ne voit d'atteintes aux droits de l'homme qu'au Mali et en Centrafrique. Quant aux véritables meneurs du jeu, les États-Unis d'Amérique, ils ont brillamment tiré leur épingle du jeu sortant de leur chapeau un lapin appelé arsenal chimique savamment empaqueté par la Russie...

 

Résultat : Bachar el-Assad connaît un retour en grâce à Washington, un ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, souhaitant même une victoire du tyran, ce qui constituerait « le meilleur de trois horribles scénarios », les deux autres étant la dislocation de la Syrie ou la perpétuation de la guerre civile. Mais Monsieur Hayden, tout espion en chef qu'il ait pu être, ne semble pas comprendre que c'est le maintien même de Bachar au pouvoir qui conduira à la perpétuation du génocide.

 

Entre une Europe de plus en plus frileuse et une Amérique qui ne cache plus sa volonté de se désengager du Moyen-Orient et de se tourner vers l'Asie-Pacifique, le peuple syrien se retrouve ainsi abandonné de tout le monde, livré pieds et poings liés à ses tortionnaires. Avec en toile de fond un mouvement islamiste qui se pose déjà en panacée à tous les problèmes du monde musulman et qui vient de tenir des assises au sommet en Libye.

 

La résurrection du printemps arabe à travers les jihadistes ? On aura alors tout vu...