Droit
19
mai 2013
Par
FRANÇOIS SERGENT
Une guerre sans champ de bataille, sans affrontements
directs et sans risque aucun
pour les attaquants. Les drones changent
non seulement l’art de la
guerre, mais brouillent également le droit de la guerre.
Monopole
américain seulement partagé pour le moment par Israël,
les drones sont devenus l’arme de prédilection de la
«guerre contre la terreur»,
syntagme inventé par George
W. Bush après le 11 Septembre, poursuivie
et amplifiée par Obama. De la Somalie
aux frontières du Pakistan, du Yémen
à l’Afghanistan, des dizaines
de présumés terroristes, dont de hauts responsables
d’Al-Qaeda, ont été tués par les missiles lancés par des drones opérés dans le confort aseptisé de bases en Virginie. Ces hommes sont
tués sans jugement et secrètement, à la manière d’exécutions extrajudiciaires. Aussi perfectionnés que soient devenus
ces appareils sans pilote, des centaines de civils, hommes, femmes et enfants, sont tombés,
victimes collatérales de cette guerre de l’ombre. Un conflit totalement asymétrique, qui nourrit une rage antiaméricaine et sert de terreau à de nouveaux terroristes.
La
France vient d’acquérir deux Reaper américains officiellement destinés au renseignement mais faciles à transformer en drones tueurs.
Sans annonce officielle, ni débat sur
leurs conditions d’utilisation.
Vont-ils servir à tuer les hommes d’Aqmi à travers le Sahel, à la manière américaine ? Les Etats ont le droit
et le devoir de se défendre, mais
les drones opèrent dans un
vide juridique que la
«guerre contre la terreur»
ne peut justifier.