Le grand mal républicain

 

En deux titres ce mercredi matin, le New York Times a parfaitement résumé ce Super Tuesday. «Les rivaux du GOP se divisent les primaires; Santorum en position de force», dit l'un. «Sans KO, la bataille acharnée se poursuit», répond l'autre.

 

Tous ceux qui espéraient au sein du vénérable GOP («Grand Old Party») que ce Super Tuesday serait décisif et permettrait à Mitt Romney de s'asseoir dans le siège de l'incontournable candidat en sont donc pour leurs frais.

 

Une nouvelle fois, les primaires tenues dans dix Etats n'ont montré qu'une chose : un parti divisé, incapable encore de s'unir derrière l'ex-gouverneur modéré du Massachusetts, au point de tanguer dangereusement vers la droite et de se laisser attirer par les sirènes de l'ultra-conservateur Rick Santorum.

 

RTR2YYFP_CompMais quel est donc le problème de Mitt Romney ?  Quand on discute un peu avec les experts de la politique américaine, une phrase revient souvent : «Il y a dix ans, il aurait été le candidat idéal, mais aujourd'hui, les républicains sont dans un tel état qu'on ne sait plus trop.»

 

La clef du succès ou non de Mitt Romney se trouve donc : dans la drôle de bataille interne que se livre le GOP depuis plusieurs mois. L'apparition soudaine du mouvement populiste du Tea Party et les victoires qu'il a engrangées lors des élections à mi-mandat de novembre 2010 ont en effet entraîné un énorme bras de fer au sein du parti républicain.

 

Même si l'influence du Tea Party à Washington a faibli, sa capacité à mobiliser les électeurs et à se faire entendre au niveau local a soudain fédéré tous les extrêmes lors de la campagne présidentielle, des anti-gouvernement aux conservateurs chrétiens en passant par les libertariens isolationistes. 

 

Aujourd'hui, c'est donc ce combat entre «l'élite» et la «base» qui se joue durant ces primaires. Demandez à n'importe quel baron du GOP quel est le meilleur candidat et il vous répondra : «Mitt Romney.» Demandez à n'importe quel électeur conservateur et il vous répondra : «N'importe qui sauf Mitt Romney.»

 

Et la fracture est telle que même un charlatan comme Newt Gingrich, parfait exemple du politicard issu de Washington et qui a profité du système jusqu'à la lie, se présente désormais comme le «candidat de la base»...

 

Il ne reste désormais qu'une solution à Romney : tenter tant bien que mal d'unir un parti mal en point. Mais les primaires à venir dans le Sud sont plutôt du genre à favoriser Santorum, dont les Français mesurent mal l'extrémisme, mais qui est capable quand même de déclarer que le discours de JFK sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat le fait «vomir».

 

Pour l'instant, il y en a un en tout cas qui s'amuse bien : Barack Obama. Alors qu'on lui demandait s'il avait quelque chose à dire à Romney avant le Super Tuesday, le président a répondu dans un grand sourire : «Je lui souhaite bonne chance...Vraiment, je lui souhaite bonne chance.»