Comme un mirage
Par LAURENT JOFFRIN
Quelle chienlit ! On croyait la douce anarchie réservée à cette mouvance protestataire et utopiste qu’on appelle l’altermondialisme
; on moquait les motions byzantines
votées par les partis écologiques perdus dans d’obscures tractations. Il faut croire que ce
désordre démocratique est contagieux. Préparée depuis des mois, voire des années, la conférence de Copenhague devait abriter une négociation
huilée et professionnelle, patiemment déminée par une armée de sherpas
surdiplômés. Voilà qu’elle débouche sur une pantalonnade
ronflante, dans laquelle les puissants de ce monde sont incapables de prendre les décisions claires et volontaires qui s’imposent et ne parviennent à accoucher que d’un accord a
minima qui sauve à peine
les apparences. Il faut bien en faire l’amer constat : quand il s’est agi
de secourir le système bancaire, la concertation a été autrement efficace
et déterminée. Il est manifestement plus facile de sauver
la finance que de sauver la
planète.
Bien sûr,
on s’est mis d’accord sur un texte. Tous les gouvernements convergent sur un
diagnostic et se rassemblent en parole sur la nécessité de se libérer progressivement des énergies fossiles. Mais le déroulement de ce sommet suscitera
une cruelle déception chez tous les citoyens d’une planète menacée. La coopération planétaire dont on pouvait rêver, sans trop y croire, s’éloigne de nouveau comme un mirage. La prochaine fois, peut-être…