Cas d’école
Par FRANÇOIS SERGENT
03/12/09
Un an après son élection, Barack
Obama devient redevable de ses actions. Il n’est plus seulement tributaire du calamiteux héritage de son prédécesseur. De Jérusalem à Islamabad, la diplomatie
de Bush n’a été qu’un échec, mélange d’arrogance et d’incompétence.
L’Afghanistan est
un cas d’école. Après huit ans de guerre et des milliers de morts, les talibans n’ont jamais été
aussi puissants dans ce pays disloqué.
Le sanctuaire pakistanais est tout autant
en danger. Obama a raison de revoir
cette politique en faillite. Mais, rien ne dit que l’envoi de renforts permette une victoire élusive.
Les militaires
étrangers, quelles que soient leurs
bonnes intentions, seront toujours perçus comme des ennemis et des envahisseurs. Le régime de Hamid Karzaï après une élection tronquée
apparaît toujours plus inefficace et corrompu.
Quant aux Afghans eux-mêmes, ils sont toujours aussi pauvres, toujours aussi éloignés d’écoles, de routes ou d’hôpitaux qui pourraient les convaincre du bien-fondé d’une intervention occidentale. Ils savent
que les étrangers ne font que passer dans ce pays cimetière des empires, qu’ils soient grecs,
anglais, russes ou aujourd’hui américains ou français.
A force d’hésiter entre une
stratégie de sortie et un
engagement plus fort de ses troupes, Obama aura surtout convaincu les Afghans et
les Pakistanais qu’un jour lui aussi abandonnera
leur pays. Comme le disait hier un de ses alliés démocrates
de retour d’Afghanistan, très
soucieux des inquiétudes de
ses électeurs : «Je ne vois pas ce que veut
dire une victoire crédible dans ce
pays.»