Long chemin
Par Laurent Joffrin
Comment peut-on
mener une guerre qu’on ne peut pas gagner mais qu’on
ne peut se permettre de perdre ? Dès son intronisation, Barack
Obama a été confronté à cet impossible dilemme. Les talibans sacrifient une nouvelle fois les leurs, dans une
cruelle routine, pour assassiner
des employés de l’ONU voués à des tâches pacifiques, après avoir massacré un nombre bien plus grand de civils afghans
- ou de Pakistanais, comme hier à Peshawar. Cette offensive barbare complique chaque jour la tâche du président américain. La stratégie d’«afghanisation», comme il y eut jadis,
sous Richard Nixon, une «vietnamisation» de la guerre, est
la seule cohérente, à défaut d’être sûre, hormis le retrait immédiat qu’on se refuse à envisager aujourd’hui. La rage
avec laquelle les talibans veulent empêcher les élections de se tenir montre qu’elle n’est pas dénuée de tout fondement. Encore faudrait-il que les partis afghans cessent de tenir la fraude pour la base de leur code électoral. Encore eût-il fallu que les armées
occidentales engagées ne passent pas en quelques années du statut fragile de libérateurs à celui d’occupants détestés. C’est le sort des politiques que de résoudre des problèmes sans solution. L’exercice
suppose ténacité et nuances.
Un second tour de la présidentielle est prévu. Des linéaments d’Etat se constituent péniblement. Une partie du pays ne veut pas des talibans. Peut-être faut-il laisser encore une chance à ce cheminement douloureux, plutôt que de se résigner à une victoire islamiste aux conséquences incalculables.