Provisions

 

Par François Sergent

 

Paul Krugman, prix Nobel d’économie, parlait des banques de Wall Street, il aurait pu parler de BNP Paribas et de la France. «L’économie américaine va mal, disait-il, néanmoins, Goldman Sachs vient de publier des profits records et se prépare à payer des bonus gigantesques. Cela nous montre que Goldman Sachs est très bon dans ce qu’elle fait. Malheureusement, ce qu’elle fait est mauvais pour l’Amérique

 

Comme Goldman Sachs, BNP Paribas est extrêmement bénéficiaire, mais ces gains et ces bonus profitent-ils à l’économie réelle ? On sait que la crise est largement due à une «financiarisation» de l’économie transformée en casino sans rapport avec la création de richesse. Tout devient produit financier

 

et profite aux banques et aux traders. Les bonus, tels qu’ils sont calculés, entretiennent cette fiction économique. Sans risque, puisqu’il y a toujours l’Etat derrière en cas de problèmes.

 

Une grande partie des gains claironnés par BNP Paribas provient ainsi de Fortis, une banque belge achetée à bas prix. Quand BNP Paribas réalise des plus-values, le contribuable belge comme le français se retrouve perdant.

 

Aujourd’hui, le patron de BNP Paribas dit vouloir «attendre fin 2010 pour décider du remboursement» des concours offerts par l’Etat. S’agit-il d’une formule audacieuse qu’il entend aussi proposer à ses clients en difficulté qui, comme lui, choisiront l’échéancier de leurs emprunts ? Plutôt que de récompenser ces traders devenus des chasseurs de prime, ne vaudrait-il pas mieux utiliser ces provisions pour rembourser les Français qui ont secouru BNP Paribas quand ça allait mal ?