Vérités
Par FRANÇOIS SERGENT
Il faudra des mois sinon des années pour mesurer l’impact du discours d’Obama. Mais la volonté du président américain de réconcilier deux mondes, le Nord et le Sud, l’Occident
et l’islam, apparaît à chaque ligne de ce texte courageux.
Obama veut justement mettre fin à cette guerre entre
les civilisations, fondée sur la peur de l’autre et nourrie
par Bush et les fondamentalistes de toutes chapelles. Le monde musulman ne peut se résumer au terrorisme et au fanatisme. L’accueil fait dans le monde arabo-musulman à ces mots sans précédent marque ce
changement de la politique américaine. Mais à sa manière,
Obama n’a pas pour autant renié ses héritages
multiples. Il ne s’est pas excusé d’être chrétien, il est fier
d’être américain, il a rendu hommage à la religion de
son père. Il a aussi su parler
juste aux juifs et aux Israéliens. En dénonçant avec
force, au Caire - l’un des centres intellectuels de l’islam -, tous les négationnismes, mais aussi en affirmant clairement le droit aux Palestiniens d’avoir un Etat. Parce
qu’il dit à chacun ses
vérités, Obama place aussi
les protagonistes devant leurs responsabilités.
Le monde musulman
vit sur des mythes, imputant à l’Occident ses
problèmes, diabolisant Israël. L’Etat hébreu aussi s’est
trop habitué à une impunité qu’il croyait éternelle. Autant de rhétoriques qui servent les pouvoirs en place, mais qui n’assurent pas la sécurité de la région. Un discours ne peut
tout changer. Obama n’est pas un
démiurge et le Moyen-Orient
n’est pas une terre de miracles. Mais donnons au moins crédit au président américain d’essayer.