Bateau

 

François Sergent

 

C’est le paradoxe d’Obama. Jamais depuis Kennedy un président américain n’a été aussi populaire en Europe. Jamais le modèle du pays tenu responsable de la crise mondiale, qu’il préside et incarne, n’a été aussi décrié. Pendant la campagne électorale et depuis son installation à la Maison Blanche, Obama a pourtant montré sa différence. Plus que les dirigeants européens, il a fait de la crise la priorité absolue de sa présidence. Son plan de relance écrase par son ampleur et son ambition les mesures limitées et désordonnées prises chacun dans leur coin par les dirigeants européens.

 

Il a été le premier dirigeant occidental à vouloir encadrer les rémunérations obscènes des patrons. Il n’a pas hésité à limoger le patron de General Motors alors que Bouton, le patron de la Société générale, compte ses sous. Il demeure que sur la question majeure de la réglementation du système capitaliste, il a montré jusqu’à présent prudence et pusillanimité. Il n’a pas incarné la rupture avec les années Bush qu’exige l’effondrement d’un système fondé sur le laisser-faire et l’avidité.

 

Obama dit vouloir malgré tout «diriger le monde». A Londres, le «monde» l’attend avec curiosité et sympathie mais sans complaisance. Quelles que soient ses motivations politiques domestiques, Sarkozy a raison de demander une autre ambition du sommet du G20. Il reste à savoir si la posture du «tout ou rien» du président français, qui suppose une déconnexion entre les systèmes européen et américain, est la plus efficace. Nous sommes dans le même bateau, sinon dans le même naufrage. Give Obama a chance.