«On avait beaucoup plus de monde que de places!»

 

REPORTAGE

 

A Paris aussi, on fête l'investiture du président américain Obama. Plusieurs soirées étaient organisées aux quatre coins de la capitale, dans des styles très différents.

 

Sur le quai de Valmy, dans le Paris populaire de l’est, Manou, organisatrice de la soirée Bizz’art à l’Opus café, a constaté que l’on faisait la queue avant l’ouverture des portes. C’était l’heure du goûter. «C’est le genre d’événement autour duquel les gens ont envie de communier», estime-t-elle. Trois heures plus tard, la cérémonie est finie, les discours aussi, la retransmission a laissé place à un concert et l’endroit est toujours plein comme un oeuf.

 

A l’autre bout de Paris, en plein centre, dans la boîte de nuit VIP Room, c’est pareil. La délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outremer et SOS Racisme recevaient moyennant une simple inscription sur leur site. Il a fallu clore ce guichet électronique dès le début de l’après-midi. Et aussi, on piétinait sur le trottoir dès 16h30. Le discours vient de se terminer et une foule compacte l’a écouté dans une solide chaleur, serrée collée dans ce sous-sol de boîte assez peu fait pour ça. Il y a beaucoup d’Afro-Antillais, une ambiance plutôt contente et aussi des attentes un peu déçues: «J’espérais un discours mieux, davantage genre Kennedy, dit un jeune homme en s’extrayant de la foule. C’est peut-être la traduction qui fait ça...»

 

Pas beaucoup de jeunes, pas beaucoup de noirs

 

Version originale en revanche dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris. Sur les écrans géants, CNN. Sous les ors et les fresques, les Américains de la capitale. Pas tous, évidemment, vu qu’ils sont environ 100 000 nous précise une dame de l’ambassade des Etats-Unis. Cette instance, ainsi que les délégations démocrate et républicaine à l’étranger et la mairie de Paris, ont dressé des listes de chanceux qui accèdent à l’escalier d’honneur, aux salons d’honneur et à tout ce décorum du XIXème siècle en faisant «Oohh!...» Ce que font aussi les Parisiens quand ils viennent pour la Nuit blanche. Comment a-t-on trié? L’ambassade a pioché dans les représentant des multiples associations et organisations franco-américaines. Anne-Marie Mattson, la vice-présidente des démocrates de Paris, costumée dans les couleurs du drapeau, a fait comme elle a pu: «On avait beaucoup plus de monde que de places!»

 

La grande salle des fêtes est presque pleine. Pas beaucoup de jeunes, pas beaucoup de noirs: la foule reflète pas mal le mode de sélection. Certaines de ces dames se sont mises sur leur trente-et-un. Un couple arbore non sans courage le pin’s de l’éléphant républicain. Ce ne sont pas eux qui applaudissent le plus fort mais ils sont , beaux joueurs. On voit quand même davantage d’énormes badges pro-Obama. Quand Dick Cheney, l’ancien vice-président de Bush, apparaît sur l’écran, les huées fusent. Quand c’est Obama, montent les cris et les applaudissements.

 

En live, Bertrand Delanoë n’a aucun mal à se faire ovationner sur «Vive le président Obama!». L’écran se rallume, le pasteur Warren est écouté poliment. Aretha Franklin chante, le silence règne et une dame pleure. Quand Barack Obama prête serment, on se tombe dans les bras. «L’envie de communier», comme disait Manou à l’autre bout de Paris.