Espoir

 

laurent joffrin

 

Laissons sa chance à l’espoir. Depuis l’élection de Barack Obama, l’avenir a changé de camp. Il n’est plus confisqué par l’alliance trentenaire du conservatisme religieux, de la modernité technologique et du culte de l’argent. Il a retrouvé un visage humain.

 

Obama décevra ? Oui, évidemment. Contrairement à ce qu’on pourrait croire en observant la ferveur planétaire qu’il a déclenchée, il n’est pas le président du monde mais celui d’une seule nation, aussi importante soit-elle. Il sera comptable des intérêts américains auprès de ses électeurs, comme tout président. Il est un politique redoutable, donc apte au compromis - décevant mais inévitable - dans un pays la séparation des pouvoirs n’est pas un vain mot. Il pratique surtout un centrisme flamboyant dans la forme mais prudent sur le fond, sans lequel il n’aurait pas été élu. Attendons de lui, donc, ce qu’on peut en attendre. Non pas une rupture invraisemblable et mirobolante. Mais seulement qu’il commence de renverser le courant aveugle qui jusque-là nous portait, celui de l’économie sans règles et des identités agressives. Même de manière imparfaite, incomplète, limitée, Obama peut montrer, en paroles et en actes, que les hommes comptent plus que les marchés, que les élus du peuple peuvent reprendre du pouvoir à ceux de l’argent, que les logiques de coopération internationale sont plus efficaces que les logiques de confrontation. Ainsi, le nouveau président, par définition, sera-t-il au-dessous de l’espérance levée par son irruption. Mais très au-dessus des éternelles leçons de calcul dispensées par les cyniques et les résignés.