"La braderie américaine de M.
Hollande"
L'éditorial
L'éditorial de Patrick Le Hyaric."On est stupéfait de la manière
dont le voyage de
François Hollande aux États-Unis consacre
une entente libérale,
occidentaliste
et militariste avec les dirigeants
et le capital nord-américains."
Alors que de
partout
dans la société, comme au Sénat ou au Parlement
européen, est posée de plus en plus fort la question
de l’utilité et des conséquences négatives de la création d’un marché de libre-échange transatlantique,
François
Hollande, sans aucun mandat
du Parlement
et à l’opposé de ses engagements électoraux, a demandé devant le président Obama
« d’accélérer la création
de
ce vaste marché », dont les termes de la négociation, entamée depuis le mois de juillet, sont totalement secrets. Même le texte du mandat sur lequel
négocie, au nom
de tous les États européens, la Commission européenne,
est classé
« diffusion restreinte ».
Depuis, aucun débat public, aucune
communication gouvernementale n’est
organisée sur ce funeste projet
qui concerne pourtant nos vies quotidiennes : notre alimentation, notre santé, notre protection sociale, nos services publics. Faisant fi de tout cela, le président
de la République n’a pas hésité à déclarer dans l’euphorie de l’air nord-américain, à l’adresse vraisemblablement des puissances industrielles et financières : « Dès lors
que les priorités sont fixées, que les mandats sont donnés,
que les intérêts sont connus, aller
vite n’est pas un problème, c’est une solution. » Autant décréter que
les négociations sont terminées. C’est d’ailleurs la suite
de cette déclaration qui nous fait mieux percevoir
à qui elle s’adresse quand M. Hollande dit tout de
go : « Nous avons tout
à gagner à aller vite. Sinon nous savons bien qu’il
y
aura une accumulation
de peurs, de menaces, de crispations. »
Terrible ! C’est l’organisation
de la grande braderie des intérêts nationaux et européens. C’est le sacrifice de notre élevage et de notre gastronomie. C’est la poursuite de la
destruction de notre industrie,
de la culture, de nos services publics et des marchés publics ouverts au pied
de biche, jusqu’à la livraison en pâture de nos données personnelles
et de nos vies intimes aux mastodontes Google et Yahoo pour nous surveiller
et en faire commerce. C’est notre
liberté sacrifiée sur l’autel du libre-échangisme capitaliste, dont on n’a vu jusque-là que les longues et tristes files de chômeurs et de travailleurs précarisés, voisinant avec celles qui n’ont d’autre choix que
la soupe populaire.
Et
ce n’est pas tout !
Il ne faut surtout pas
ignorer le projet de camisole intégrale
envisagé contre nos vies, contre nos lois protégeant
les droits sociaux humains et environnementaux. Avec
ce traité, toute multinationale jugeant que les législations entraveraient ses possibilités d’exploiter les hommes et la
nature à sa guise se verrait
octroyer la possibilité de poursuivre les États devant des tribunaux spéciaux conçus par elle et pour elle. Ainsi, ce ne serait
plus ni
les parlements ni les gouvernements qui décideraient
des lois. Les multinationales créeraient leurs propres droits. C’est la dictature programmée au service
des puissances industrielles et financières, sans besoin
de généraux bottés et casqués.
Derrière
ce vaste projet, se cachent à la fois la
volonté du camp
occidental de retrouver son hégémonie
sur le monde et une
tentative pour
les multinationales
de contourner les dégâts qu’elles provoquent avec leur terrible politique d’austérité
en recherchant des marchés nouveaux
à l’exportation. C’est un schéma de guerre économique mortifère. Il ne faut pas laisser faire. Refusons le marché transatlantique.