Des conseils à Obama
Luis Lema
Barack Obama a beaucoup d’amis. Tous se pressent désormais pour lui faire la leçon ou lui offrir
leurs bons conseils. Les progrès
accomplis en deux ans? Ils
sont réels, disent aujourd’hui les bonnes âmes, mais
ils ont été
mal expliqués. Qui sait que le plan de relance, tant décrié par les républicains, a permis de sauvegarder 3 millions d’emplois?
Qui doute encore du droit
de chaque enfant américain
à être soigné, comme le proclame maintenant la réforme du système de la santé, obtenue avec détermination par le
président?
A ces
leçons sur le passé s’ajoutent les conseils pour l’avenir. Changer d’équipe
à la Maison-Blanche. Ne pas hésiter à jouer le jeu des intrigues, laisser les adversaires se prendre au piège de leurs propres contradictions. Faire le dos rond en attendant la prochaine élection de 2012. Et surtout, surtout, rétablir d’ici là le contact avec l’Amérique. «Barack Obama doit apprendre
à gérer ses rapports avec
les humains», dit la dernière blague de Washington.
Il doit accepter de faire escale sur Terre en redescendant de la stratosphère.
Ces bons conseils,
hormis le fait qu’ils arrivent un peu
tard, font mine d’oublier à
quel point le président américain se trouve aujourd’hui seul au milieu du gué. Seul, Obama l’a été pour défendre
à la fois son propre bilan, et celui
de ses compères démocrates. Un seul
indice, frappant: ce qui a, de fait, constitué la
plus grande réunion de campagne des démocrates, samedi à Washington, s’est déroulé en l’absence du moindre responsable de ce parti. Elle a été organisée par Jon Stewart, un humoriste télévisuel
de talent, certes, mais qui passe
son temps à se moquer du système
politique plutôt qu’à lui trouver
des moyens de se transcender.
Sans relais
pour les défendre, face à une
opposition excessive et séduite
par tous les populismes,
les politiques prônées par
Obama ne trouvent pas prise
sur une bonne
partie du pays. L’Amérique reste attachée aux libertés individuelles comme à la prunelle de ses yeux.
Obama aura encore deux ans
pour la convaincre qu’il en
est de même
pour lui, ou pour partir.