Les écuries nucléaires
Luis Lema
mercredi14 avril
2010
Enfin lancé sous
la houlette de Barack Obama, le débat
sur le contrôle du nucléaire civil face à la menace d’utilisation
criminelle est piégé par les arrière-pensées et
les ambiguïtés
Ni l’effondrement
de l’empire soviétique, ni le 11 septembre n’y avaient rien
pu. Malgré quelques tentatives inabouties, ce n’est qu’aujourd’hui que la communauté internationale s’est décidée, sous la houlette de Barack Obama, à se pencher
sérieusement sur les risques que posent
la dissémination du matériel
hautement radioactif et son
acquisition possible par des bandes criminelles ou des réseaux terroristes.
La responsabilité,
en la matière, est bien partagée. Elle va de la duplicité historique des grandes puissances (soucieuses de
conserver à la fois leurs
parts de marché et leurs prérogatives d’Etats nucléaires) à la réticence des
lobbies de l’industrie d’admettre
les risques de cette technologie dans toutes leurs implications. Elle passe par la fusion constante des
nécessités civiles et des visées militaires. Elle concerne l’incapacité, ou le manque de volonté, des pays émergents à équiper leurs installations de mesures de sécurité à la hauteur
des dangers encourus. Peu
de domaines sont entourés de pareille dose d’arrière-pensées et d’ambiguïtés.
Et dans aucun autre rayon, sans doute, ne sont mis en avant
de manière aussi hypocrite
les impératifs de souveraineté
nationale tandis que les ravages éventuels d’un
accident ou d’une utilisation criminelle se joueraient allègrement des frontières.
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Or le temps presse.
Face à un autre danger mondial,
celui du réchauffement climatique, le nucléaire civil a repris des attraits, augmentant d’autant les risques de détournement. Et face
à la nouvelle forme qu’ont prise les menaces terroristes, plus
rien n’est désormais impensable, et surtout pas la fabrication d’une
«bombe sale» qui pourrait semer
mort et désolation à New York, à Moscou
ou à Paris.
Enfin, la communauté internationale a besoin de faire
le plein de crédibilité
face aux aspirations nucléaires de l’Iran. Elle n’y parviendra pas sans avoir commencé à nettoyer à fond ses propres écuries.