Fallait-il
arrêter Roman Polanski?
Par Le Temps
L’arrestation à Zurich du cinéaste franco-polonais, conformément à une demande de la justice américaine, et pour une affaire de mœurs vieille de plus de 30 ans, soulève incompréhension et
consternation.
Samedi 26 octobre, la police zurichoise a arrêté Roman
Polanski à son arrivée à l’aéroport,
exécutant un mandat d’arrêt international lancé à son
encontre par les Etats-Unis
pour un acte sexuel avec une mineure de 13 ans, un délit qui remonte à 1977.
Cette arrestation a soulevé consternation et incompréhension, tant en Suisse qu’à l’étranger. Alors que Roman Polanski possède un chalet à Gstaad où il
se rend régulièrement, beaucoup s’étonnent
que, subitement semble-t-il, la Suisse se conforme
bravement à une demande de la justice américaine.
Les défenseurs
du cinéaste, jugeant l’affaire largement prescrite, n’ont pas manqué de rappeler que la victime, aujourd’hui mariée et mère
de famille, a publiquement pardonné à Roman Polanski et demandé
que l’affaire soit classée sur
le plan judiciaire.
Les services d’Eveline Widmer-Schlumpf estiment quant à eux qu’il n’y a pas de raison de ne
pas exécuter un mandat d’arrêt valable, qu’il concerne un citoyen lambda ou une célébrité.
La situation du cinéaste aurait
changé, semble-t-il, à partir du 7 mai 2009, dernier délai accordé à Roman Polanski
pour se présenter devant un
tribunal de Los Angeles. Ce qu’il n’a pas
fait.
Enfin, n’est-ce pas manquer gravement de sensibilité que de ne pas anticiper le tollé que cette arrestation
provoque et les dégâts d’image qu’elle ne manquera pas d’entraîner pour une Suisse dont les relations internationales
sont déjà ternies par les récentes affaires Kadhafi et UBS?