Le Printemps
arabe ou le crépuscule des nations
par
Moncef Wafi
Les
jours passent et se ressemblent pour les cadavres des Palestiniens exposés à la
une de l'actualité internationale malgré tous les efforts médiatiques pour
reléguer ce qui se passe dans la bande de Ghaza dans les pages intérieures.
Efforts bénis par les tenants d'une démocratie à deux vitesses et encouragés
par le sentiment d'impunité d'Israël quoi qu'il fasse. Une pacification par le
meurtre de tous les Palestiniens de Ghaza et un massacre en règle orchestré par
un Etat terroriste qui envoie ses chars pour tirer sur des frondes.
Si
on ne doit pas s'étonner de la réaction du monde «civilisé», les capitales
occidentales étant aux mains des tout puissants lobbies juifs et les chefs
d'Etat élus avec leur bénédiction, alors le moins qu'on puisse faire est de
s'interroger sur les causes de ce génocide (n'ayons pas peur des mots). Si le
silence complice des régimes arabes ne doit pas non plus nous surprendre,
habitués qu'on est aux pantalons sur les chevilles, le minimum syndical d'une
réflexion de circonstance est à convoquer dans l'urgence. Pourquoi en est-on
arrivé là ? Première explication de texte, pour reprendre l'hypothèse ambiante
: le Printemps arabe tellement chanté et applaudi par les démocrates de salon
et du clavier et qui s'est avéré, par la suite, comme la pire expérience vécue
par les pays arabes. Idée importée et encouragée de l'extérieur, concept pensé
et mis en exécution dans les laboratoires du Mossad et de la CIA, emballé et vendu
à la conscience arabe par Al Jazeera.
Ce
Printemps arabe, comme voulu par les Occidentaux, aura été aux pays arabes ce
qu'est l'homme blanc aux Indiens d'Amérique. Un cancer qui a métastasé,
touchant presque l'ensemble de la nation arabe et obligeant le peuple à faire
la guerre à sa propre ombre. A marcher sur son cadavre avec sa propre semelle.
Si l'étincelle est partie de la Tunisie, elle a embrasé tous les pays arabes
les précipitant dans la folie des guerres civiles, ouvrant grand la porte aux groupes
terroristes qui ont fait de l'islam une idéologie alibi pour arriver au
pouvoir. Libye, Egypte, Syrie, Irak, autant d'exemples d'un démembrement de
puissances régionales qui ont conduit la nation à se recroqueviller sur
elle-même, fermant la porte aux causes traditionnelles de la lutte.
En
se cannibalisant, les pays arabes ont laissé une voie royale à l'Etat sioniste
pour enterrer davantage et définitivement les aspirations légitimes des
Palestiniens de retrouver un peu de dignité. Les bombardant à chaque fois que
des voix en Occident se lèvent pour dénoncer la politique d'apartheid et les
colonies de Tel-Aviv. Notre propos n'est pas non plus de blanchir les régimes
arabes tombés à l'image de Kadhafi, Ben Ali ou encore Moubarak, mais quand on
voit ce qui est advenu de ces pays par la suite, on commence vraiment à avoir
des regrets. Mais force est de constater que le destin des Arabes est
malheureusement coincé entre des régimes totalitaires et des tentations de
pouvoirs théocratiques népotiques, le tout sous le parapluie protecteur de nos
amis d'Israël, de France et d'ailleurs. Ghaza, cette année, dans quatre ans,
rien ne changera et les Palestiniens continueront de jouer aux cadavres dans un
scénario déjà vu.