Un Ardent Desir Americain de «Solution Finale»
par K. Selim
Les Palestiniens
sont un «groupe de terroristes», un «peuple inventé». C'est Newt Gringrich,
le candidat le plus en vue
de l'investiture républicaine
pour la présidentielle américaine,
qui l'a déclaré vendredi. Un message d'une clarté raciste rare. Celui qui sera peut-être le prochain président des Etats-Unis est clairement partisan de la solution finale par liquidation ou épuration des Palestiniens.
Celui qui accuse le très conciliant Mahmoud Abbas d'être animé
d'un «énorme désir» de détruire Israël, affiche, lui, clairement
le désir compulsif de détruire tous les Palestiniens dont il ne reconnaît
pas l'existence. Car, selon
cette grande lumière, ce serait
donc un vaste complot arabo-islamique qui aurait transformé un «groupe de terroristes» en un peuple.
Barack Obama, qui s'est totalement aplati devant le lobby israélien à Washington pour des raisons électorales,
découvrira sans doute que l'escalade en la matière peut aller
loin. Jusqu'à éventer le mensonge nécessaire à la diplomatie américaine. Le propos
de Newt Gringrich a en effet
le mérite de la clarté et
de la franchise. Il correspond clairement à ce que pense
une importante partie de l'establishment américain. Gringrich dit que le président Barack Obama et
son administration «se font des illusions». Mais il a tort. M. Obama et son administration, comme beaucoup de celles qui l'ont précédée et les prochaines ont pour but, s'agissant de la question palestinienne,
de créer en permanence des illusions. Et ils le font plutôt bien.
En la matière,
ce sont les Etats arabes de la région et les Palestiniens depuis au moins les accords d'Oslo qui «se font des illusions» sur
la possibilité d'une évolution de la position américaine
du soutien aveugle à Israël à celle de «parrain» de la paix. Que M. Gringrich arrive au pouvoir
à Washington ne changera rien à la situation des Palestiniens
sur le fond, même si l'on peut
assister à une nouvelle guerre contre
Ghaza et à une accélération de la purification ethno-religieuse
que mène l'Etat d'Israël. Il n'y a pas d'illusions à se faire
en la matière. C'est tout
au plus une question d'habillage.
D'une certaine manière, il serait
presque souhaitable que M. Gringrich s'installe à la Maison-Blanche. On en finira peut-être avec la comédie des négociations et du faux parrainage
américain. Et surtout les
régimes arabes qui s'en remettent à Washington pour résoudre
la question palestinienne n'auront
plus d'alibi. M. Gringrich, avec sa
morgue raciste et son ardent désir
de «solution finale», ne leur
en donne plus.
Beaucoup observent
avec étonnement, certains
en approuvant, d'autres
avec beaucoup de circonspection, une
Ligue arabe devenue «active» au sujet des
contestations internes dans
certains pays arabes. La Ligue a eu un «rôle décisif» en Libye, elle exerce
actuellement des pressions significatives sur le régime autiste de Syrie. On attendra donc avec intérêt de voir ce qu'elle fera
vis-à-vis d'un gouvernement des Etats-Unis
dirigé par Gringrich ou un semblable qui dira que les Palestiniens n'existent pas. Et qu'ils ne sont qu'une
invention de la Ligue arabe
par exemple. Avec Gringrich au pouvoir
et sa pensée simple et
finale, les rois et chefs d'Etat
de l'Arabistan n'auront pas
d'alibi. Ils seront nus.