Ne Pas Renoncer
par M. Saadoune
Finalement, un président américain a deux ans pour faire semblant de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient, en embobinant au passage Mahmoud Abbas et les régimes vassaux présumés modérés, avant de redevenir ce qu'il
est : un défenseur aveugle de l'occupation israélienne.
Pendant ces deux ans, le processus
ne bouge pas d'un iota et les colonies de peuplement s'étendent. Et le président des Etats-Unis d'Amérique se risque à demander l'arrêt des colonies, avant de
faire un repli en bonne et
due forme. Comme s'il n'avait rien dit. C'est qu'à la troisième
année déjà, Barack Obama se souvient
qu'il y a un électorat juif à flatter sur le thème du soutien indéfectible à Israël. Le fameux discours du Caire en direction du
monde musulman était creux mais il a fait beaucoup illusion.
Dans le monde arabe, des «fans » et des «croyants » s'en prenaient aux rabat-joie qui ne saisissaient pas, selon eux, le changement
historique qu'incarnait
Obama. Il ne leur a pourtant pas fallu longtemps pour déchanter. A commencer par Mahmoud Abbas et
ses éternels négociateurs, qui ne pouvaient décemment pas faire semblant d'ignorer que le héros Obama a bien parlé de cessation des
colonies israéliennes, avant
de se soumettre aux injonctions
du lobby israélien de Washington. Obama n'est pas tombé d'une comète pour devenir président des Etats-Unis. C'est un politicien américain
adoubé par l'establishment
et il doit tenir compte des rapports de
force aux Etats-Unis. Rien de bien
anormal. Ce qui l'a été est
cette aura de quasi-saint qui lui
a été donnée par ses fans dans le monde arabe, en présumant qu'il était plus prédisposé – par sa couleur ?...
- qu'un autre président à changer la donne. L'idée était totalement absurde. Le propre parti de Barack Obama est
très largement sous influence du lobby israélien.
Le plus affligeant dans ce crédit aveugle est que le mandat
d'Obama aura servi, une fois de plus, à mener en bateau une Autorité palestinienne décidément sans grande finesse politique. Il est
clair que Mahmoud Abbas a fini par comprendre. S'il cesse d'exiger
l'arrêt des colonies comme
condition élémentaire, il est définitivement
disqualifié. Et c'est ce qu'on
exigeait de lui. Aujourd'hui, Barack Obama a des soucis
électoraux et il voit en Mahmoud Abbas un problème personnel, une source de
nuisance.
A New York, au cours
d'une élection partielle il
y a quelques jours, les électeurs juifs ont marqué leur
défiance et, du coup à Washington, on devient plus pressant, voire brutal à l'égard de Abbas.
On lui a signifié que s'il persistait
à demander la reconnaissance de l'Etat de Palestine,
on lui couperait les vivres et on le mettrait en délicatesse avec les fonctionnaires palestiniens qui
constituent une base du Fatah. Les choses reviennent dans l'ordre.
A Washington, de la Maison-Blanche au Capitole, le méchant, c'est le Palestinien. Le veto est annoncé. Sans état d'âme.
Comme tous ceux qui cherchent le pouvoir aux Etats-Unis, Barack
Obama doit devenir plus
pro-israélien que ses adversaires
potentiels.
Mais il ne faut pas se faire d'illusion sur la portée de la démarche de Mahmoud Abbas. Même
en cas de reconnaissance de l'Etat palestinien, la réalité du terrain ne va pas changer. Les Palestiniens peuvent prendre exemple dans ce qui se passe autour d'eux. Ils peuvent – et cela ne sera pas facile – enclencher un renouvellement de leur révolution. Et comme les peuples voisins, ils peuvent
songer à bouger avec un mot
d'ordre simple : le peuple veut la chute du régime ! En Palestine, le régime n'est pas l'Autorité palestinienne mais l'occupation coloniale. Beaucoup de choses semblaient inimaginables en Egypte. Rien ne sera impossible pour les Palestiniens. A condition de ne
pas renoncer…