Obama sommé de se déjuger
par Kharroubi Habib
Non content d'avoir opposé une fin de non-recevoir arrogante à l'idée de la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967 admise avec
beaucoup de précaution par le président
américain Barack Obama, Benyamin
Netanyahu a fait feu de tout bois à Washington pour contraindre ce dernier à revenir sur sa
déclaration. Il a pour ce faire monté contre lui le puissant lobby juif américain l'AIPAC et le non moins puissant Congrès des Etats-Unis. Pro-israéliennes au point d'infliger
un cinglant camouflet au président américain, les deux institutions ont appuyé sans réserve la «feuille de route» sur la question
palestinienne que le
Premier ministre israélien
a été défendre devant elles et dont le contenu est une suite de provocations à l'endroit tant des Palestiniens que de la Maison Blanche et de la communauté
internationale.
Au forum de l'AIPAC puis devant le Congrès américain qui lui ont fait des «standing
ovations», Benyamin Netanyahu a martelé
une suite de «niet» qui vont plomber irrévocablement
le processus de négociations
de paix déjà dans l'impasse. Niet à la création à court terme de l'Etat palestinien, niet aux frontières de 1967, niet à des négociations sur le partage de Jérusalem, niet à l'arrêt des constructions
de colonies en territoires occupés,
niet au démantèlement de celles déjà construites, niet enfin à des négociations avec l'Autorité palestinienne incluant en son sein la représentation du Hamas. L'aval enthousiaste donné à ces niet par l'AIPAC
et le Congrès américain
oblige Barack Obama déjà en campagne pour l'élection présidentielle à renier ses velléités
de relance du processus des
négociations de paix et à
se déjuger des propositions qu'il
a avancées pour la faciliter
du côté palestinien.
C'est une certitude que
la prévision optimiste de
Barack Obama prévoyant l'instauration
de l'Etat palestinien aux alentours de la fin de l'année
2011 ne se concrétisera
pas. Pour aussi arrangeant
que soit Mahmoud Abbas, les
Palestiniens ne retourneront pas à la table des négociations
aux conditions posées par le Premier ministre israélien.
D'autant qu'ils savent maintenant que le président américain ne peut
ni ne veut
faire pression sur Israël pour le contraindre à réviser la «feuille de route»
sans concession dévoilée par son Premier ministre.
Il ne reste aux Palestiniens que la solution de l'internationalisation
de leur cause nationale sous la forme de la saisine du Conseil de sécurité et s'il le faut de l'Assemblée générale de l'ONU sur le point de la reconnaissance sans ambiguïté
par les Nations unies de leur
Etat sur les lignes de 1967. Une démarche qui aura le mérite
de poser la problématique du conflit
palestino-israélien en dehors
de celui de la médiation
exclusive mais pipée de l'administration américaine.
C'est en somme
aux Palestiniens à s'affranchir
à leur tour de la tutelle américaine qui au final n'a agi qu'en faveur
des intérêts de l'Etat sioniste. Le signe fort de cet affranchissement Mahmoud
Abbas et l'Autorité qu'il préside l'émettront en consolidant la réconciliation intervenue entre le Fatah et le Hamas sans tenir compte des menaces proférées par le cabinet Netanyahu à l'égard
de leur rapprochement et des pressions
de même nature exercées sur eux par Obama et son
administration pour qu'ils renoncent
à elle.
L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et
un pan de l'opinion internationale
ont eu la naïveté de croire qu'Obama allait parvenir à faire bouger les lignes sur le dossier palestino-israélien
dans le sens d'une solution juste et équitable. Et certaines
de ses déclarations et
propositions ont créé l'illusion momentanément. Vite dissipée par ses capitulations successives devant les arrogantes mises en garde et injonctions formulées par les dirigeants de l'Etat sioniste et appuyées et relayées par les alliés inconditionnels d'Israël en Amérique et qu'Obama ne peut
défier car en situation de le faire battre en 2012.