Obama et les Dreamers latinos

 

16 juin 2012

 

 Qui a dit que le rêve américain n'existait plus ? Les  jeunes latinos sans papiers s'en réclament en tout cas. Ils se font appeler les "dreamers": les militants du Dream Act, la loi qui régulariserait les enfants arrivés tout jeunes aux Etats-Unis, qui ont suivi des études mais sont menacés d'être renvoyés dans un pays qu'ils ne connaissent pas.

    L'une des figures de ce mouvement est José Antonio Vargas, un journaliste du Washington Post, qui a fait son coming out en 2011 et révélé qu'il n'avait pas de statut légal (il a quitté le journalisme pour l'action civique).

 

    Aujourd'hui, il exulte: grâce à Barack Obama, les "dreamers" vont pourvoir régulariser leur situation (même s'ils n'obtiennent pas la citoyenneté mais un permis de séjour). Des dizaines de milliers de jeunes sont concernés. Hier, les avocats spécialistes de l'immigration envoyaient des publicités partout: "Vous avez moins de 16 ans, vous n'avez pas de passé criminel, vous pouvez bénéficier d'un visa d'immigration"...

  

Bye Bye Rubio

 

   Pour Barack Obama c'est un coup de maître, même s'il aurait probablement préféré le faire plus tard dans la campagne. Les Hispaniques trouvaient qu'il n'avait vraiment rien fait pour eux depuis 2009. Il va pouvoir mobiliser les jeunes, dont il a besoin pour organiser les quartiers et "faire sortir" les électeurs le 6 novembre (get out the vote), dans les Etats leur poids peut faire basculer l'élection.

 

     En même temps, il change de sujet, coupe court aux leçons d'économie de Mitt Romney, et divise les républicains. Marco Rubio, le jeune espoir de Floride, avait déjà joué le rôle de mouche du coche pour Romney, en proposant au Sénat une version minimale du Dream Act, essayant de forcer la main du candidat. Son mentor Jeb Bush, a aussi critiqué le parti (et le candidat), ce qui a laissé présager que Marco Rubio a peu de chances d'être choisi par Romney pour le poste de vice-président.

 

    Romney, qui avait pris des positions radicales pendant les primaires, a été désarçonné. Il s'est cantonné à dire que le décret pris par Obama rendait "plus difficile une solution à long terme". S'il s'apprêtait à pivoter vers un recentrage sur l'immigration, c'est raté... En fait son équipe était divisée: certains ayant le fait le calcul qu'un geste envers les Dreamers lui couterait plus de voix dans la droite du parti qu'il n'en gagnerait de toutes façons chez les latinos.

 

 Décret contre Gridlock

 

    Le geste d'Obama envers les jeunes latinos correspond à celui sur le mariage gay, pour la communauté homosexuelle. Pourquoi si tard ? La Maison Blanche s'est rendue compte que pour les Latinos, il ne suffirait pas de faire miroiter la régularisation (au travers d'une loi cadre sur l'immigration) pour le deuxième mandat.

 

    Côté calendrier, la mise en scène est la meilleure possible. Lundi, Barack Obama est au Mexique pour le sommet du G20. La décision de la Cour suprême sur la loi qui criminalise les clandestins en Arizona est aussi attendue dans les jours prochains.

 

    Le Dream act était bloqué par les durs républicains au Congrès. Obama a agi par décret, ce qui ne satisfait pas franchement l'ancien professeur de droit constitutionnel qu'il est.

 

     Il a pris acte de l'impasse politique (pour gouverner, il faut une majorité de 60 voix au Sénat non 51..) Son geste témoigne de la présidentialisation des institutions, à l'heure du gridlock.

 

Côté Mexican Mitt, on s'en donne à coeur joie....

 

http://clesnes.blog.lemonde.fr/files/2012/06/Mexican_Mitt_Twitter_normal.jpgMexican Mitt Romney @MexicanMitt

WHEN I BECOME PRESIDENT I WILL PASS THE "DREAM ON" ACT. " Dream On, Mojados! Ajua!