Petit sommet
27.09.09
ien sûr, il y a de bonnes nouvelles dans le communiqué du G20. Le poids
accru des pays émergents dans le fonctionnement du Fonds monétaire international, la
pérennisation du G20 en lieu et place du G8 en matière économique, l'aide aux pays les plus pauvres : tout cela est positif.
Même le maintien des politiques de relance
est appréciable. Il prouve que
les dirigeants ne se bercent
guère d'illusion sur la reprise que certains croient discerner. Mais, justement, puisque la crise actuelle n'est pas qu'une péripétie mais l'aboutissement de dérèglements fondamentaux dans l'économie mondiale, on ne peut qu'éprouver un certain malaise à l'issue du sommet réuni à Pittsburgh les 24 et 25 septembre.
Un an après la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, les responsables
politiques semblent
incapables d'aller au bout du raisonnement.
De créer, par exemple, une Organisation mondiale de la finance, comme le préconisent Pascal Lamy, directeur
général de l'OMC (Organisation mondiale du
commerce), et Jean-Pierre Jouyet, président
de l'Autorité des marchés
financiers. De reconnaître que
les inégalités insupportables
ont joué un
rôle essentiel dans la crise des subprimes et les déséquilibres du
monde.
La pusillanimité
du G20 sur les bonus en est le meilleur exemple. En théorie,
cette question aurait dû être facile à régler. Hormis les intéressés, tout le monde trouve ces rémunérations scandaleuses :
elles symbolisent la régression d'un capitalisme qui n'a plus pour fin qu'une rentabilité maximale du capital à
très court terme. Les plafonner n'aurait même pas coûté un
centime aux finances publiques. Le G20 s'est contenté de les rendre moins nocives
pour la finance mondiale en les encadrant.
Cela prouve que, malgré les centaines de milliards injectés
par les contribuables dans
les banques pour les sauver,
les banquiers disposent
encore de moyens de pression
considérables sur les gouvernements. Au XXe
siècle, quand une industrie était trop importante, les Etats en scindaient les principaux acteurs. Dans le cas de la finance, c'est l'inverse : la crise va
renforcer les banques les
plus puissantes. N'y a-t-il donc rien
à faire ? L'annonce en plein G20, par HSBC, le géant britannique du secteur, du déménagement de sa
direction de Londres à Hongkong
montre que les gouvernements ont peu de marges de manoeuvre. La modestie du G20 en matière de régulation de la
finance est une mauvaise nouvelle tant pour les démocrates que pour la prévention des crises
à venir. p
Article paru
dans l'édition du 27.09.09