Main tendue
EDITORIAL
18.09.09
l faut saluer
la décision de Barack Obama d'abandonner
le projet de bouclier
antimissile qui devait être
déployé en Europe. Ce projet coûteux et
dont l'efficacité même était mise
en doute avait le tort de diviser profondément les Européens et d'entretenir
vis-à-vis de la Russie un lourd
climat de "guerre des étoiles".
Là, comme ailleurs, le président américain fait le pari de la
détente et de la négociation.
Sans surprise, l'annonce de M. Obama - qui, contrairement
aux critiques désormais récurrentes,
décide et tranche en dépit de ses difficultés
intérieures - a suscité un
haut-le-coeur de la droite américaine. Après avoir instruit le procès en désertion en Irak face à la
menace terroriste, cette dernière dénonce à présent la trahison des alliés de la "Nouvelle Europe" que traduit, selon
elle, le fait de baisser la
garde face à Moscou.
Les accusations d'angélisme et de naïveté adressées au président américain auraient cependant plus de consistance si ce dernier avait
décidé de renoncer définitivement au projet stratégique de défense antibalistique. Ce n'est pas le cas.
M. Obama s'inscrit dans la continuité de l'action de son prédécesseur républicain en considérant (c'est la raison officiellement avancée) que l'Iran et
ses éventuels projets nucléaires restent la plus grande menace
pour la sécurité des Etats-Unis.
Mais si ce risque demeure majeur, on estime à Washington que l'Iran sera incapable avant longtemps de développer des
missiles à longue portée ou
intercontinentaux. Les Etats-Unis
doivent adapter leur
protection. A quelques jours
de la rencontre multilatérale
prévue le 1er octobre avec
les représentants iraniens,
c'est un message à double détente qui leur est adressé : bonne volonté et réalisme.
Vis-à-vis de la Russie, qui s'estimait directement visée par le projet, la décision du président américain comporte une dose de pari. Si Barack Obama se défend
de tout marchandage, il peut espérer
des gestes de Moscou, notamment sur le dossier iranien - qu'il s'agisse des ventes d'armes russes à Téhéran ou d'éventuelles
sanctions renforcées contre
l'Iran, jusqu'à présent rejetées par la Russie.
Moscou voudra-t-il répondre à cette ouverture américaine ? La Pologne et
la République tchèque,
premières visées par le renoncement
américain, mais aussi les Etats baltes, en doutent fort. Pour ces pays qui ont intégré l'OTAN et
l'Union européenne en une décennie, la Russie reste perçue
comme une menace potentielle, d'autant plus vive depuis la guerre en Géorgie de
2008. Barack Obama va devoir apaiser
leurs inquiétudes .
Article paru
dans l'édition du 19.09.09