L'UE s'accorde sur les ex-détenus de Guantanamo
Jean-Pierre Stroobants: Bruxelles, bureau européen
29.05.09
es Etats de l'Union européenne (UE) sont proches d'un accord interne concernant l'accueil d'ex-détenus de Guantanamo. Par ailleurs,
ils négocient
avec les autorités américaines
sur d'éventuelles
compensations financières, indirectes,
pour les prisonniers innocentés
et désireux de s'installer dans un pays européen.
Jeudi 4 juin, à Luxembourg, les ministres de l'intérieur de l'UE formaliseront le premier texte. Après diverses tractations, les Vingt-Sept ont surmonté l'essentiel
de leurs divisions. La France, l'Italie,
l'Espagne, le Royaume-Uni, le
Portugal, la Belgique et la Lituanie
se disent, à ce stade, prêts à accueillir d'anciens prisonniers de Guantanamo, afin d'aider l'administration Obama à fermer le camp, en janvier 2010. Les
membres de l'UE, mais aussi des pays non membres qui forment avec eux l'espace Schengen
(Suisse, Norvège, Liechtenstein, Islande)
ont prévu un mécanisme complet d'échange d'informations sur les ex-détenus. Elles porteront sur la période précédant leur arrivée (Qui sont-ils ? où les installer ? quelles
limitations leur imposer ?) et
sur leur séjour.
Mais l'Autriche exige un texte
imposant aux Etats accueillant des détenus de
limiter leurs déplacements.
Ce point se heurte à des
obstacles juridiques qui pourraient
toutefois être contournés par une négociation avec les avocats des personnes concernées. Et il est
probable que les pays d'accueil
surveilleront discrètement
les intéressés.
Pour écourter
les discussions, les Vingt-Sept ont
approuvé l'idée que chaque Etat
décidera seul du statut légal à accorder aux personnes accueillies (réfugié, permis de séjour temporaire...).
L'autre volet de la négociation concerne la relation
avec les Etats-Unis. Bruxelles
a indiqué à l'administration
Obama que seuls des détenus totalement innocentés par la justice américaine
seraient admis sur le territoire de l'Union, soit 40 à 50 prisonniers sur un total de 250.
Les Européens
demandent aux Américains d'accepter eux aussi d'ex-prisonniers sur leur territoire.
"Les responsables (américains)
qui négocient avec nous semblent
d'accord, mais un problème politique interne subsiste", indique un diplomate de l'UE.
En revanche,
un troisième obstacle semble levé. Washington accepterait de dédommager non pas
les anciens détenus innocentés mais lesEtats européens prêts à les accueillir sous la forme d'une
participation financière aux frais
de voyage, d'installation et
de santé des intéressés.
Enfin, certains pays européens aimeraient signer avec
Washington une déclaration conjointe à haute portée symbolique. Elle stipulerait que la lutte antiterroriste
doit respecter les droits humains fondamentaux, qu'il n'y aura plus jamais d'autre Guantanamo et que les conventions bannissant la torture seront désormais respectées.
Les Européens
partisans d'un tel texte pensent que cet engagement moral permettrait
à Washington de convaincre plus facilement
le Canada et l'Australie, notamment,
d'accepter à leur tour d'ex-prisonniers.