La vertu Obama
26.04.09
Le 30 avril,
l'administration Obama sera en place depuis 100 jours. C'est l'heure des premiers bilans. Dans le domaine de la justice internationale, certains font la
fine bouche. Certes, il y a
eu des avancées, constatent-ils, mais pas assez. Des "progrès significatifs", résume Human
Rights Watch, mais aussi
des "faux pas".
Côté progrès figure l'interdiction de la torture, la fermeture
des prisons secrètes s'il
en restait, l'ordre donné à la CIA de se cantonner
aux techniques d'interrogatoire en vigueur dans l'armée
et la création d'une
cellule de crise chargée de
trouver des solutions pour fermer
Guantanamo. Plus généralement, M. Obama a transféré la lutte antiterroriste du Pentagone au ministère de la justice.
Du côté
des "faux pas", les défenseurs des droits de l'homme citent le refus du président démocrate d'accorder l'habeas corpus aux détenus de la prison de Bagram,
en Afghanistan, dont certains,
qui n'ont pas été arrêtés sur le "champ de bataille", sont dans un trou noir juridique comparable à celui de
Guantanamo. Ils s'étonnent aussi de son refus d'interdire une fois pour toutes à la CIA d'enlever des suspects n'importe où dans le monde, dans le dos des autorités
locales.
Un autre
reproche a pris de la consistante cette semaine :
le refus de créer une commission d'enquête sur la torture. Alors qu'il a lui-même pris la décision de rendre publics les mémorandums rédigés entre 2002 et 2005 par les juristes
de l'administration Bush, M. Obama est accusé de se laisser intimider par les républicains.
Pour l'instant,
M. Obama préfère "regarder
vers l'avenir". Il ne veut pas apparaître comme l'homme des divisions et de
la revanche. Surtout, il veut éviter
que le projecteur ne se déplace ailleurs que sur sa
politique économique et diplomatique. Il a besoin que la confiance revienne pour que l'économie reparte. Ses efforts ne sont peut-être pas vains : une majorité
d'Américains pensent que le pays va dans la bonne direction.
Les organisations
des droits de l'homme sont dans leur
rôle. Mais elles ont tort de s'impatienter. En prenant la décision - contre l'avis de certains de ses conseillers - de publier ces mémos,
qui autorisaient l'usage du
waterboarding, un simulacre
de noyade, Barack Obama a déclenché
un cercle vertueux qu'il sera difficile d'enrayer. La preuve : le Pentagone s'apprête à publier des photos
des traitements dégradants subis par certains détenus en Irak. Quelle démocratie en ferait autant ?
Article paru
dans l'édition du 26.04.09