La justice française s'interroge sur les suites à donner à l'affaire de la NSA
Mis à jour le 21/10/2013
Une enquête préliminaire a été ouverte en juillet, notamment pour «collecte illicite de données à caractère personnel», après les premières révélations sur les pratiques d'espionnage de l'agence américaine à l'encontre de ses alliés.
Selon nos informations, le parquet de Paris n'a
pas encore pris de décision
concernant l'ouverture d'une information judiciaire dans l'affaire d'espionnage en communications électroniques
appelée Prism et réalisée
par les agences de sécurité
américaines.
Le
11 juillet dernier, la Fédération
internationale des droits
de l'homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'homme (LDH) déposaient
plainte au tribunal de grande
instance de Paris. Si la plainte était
déposée contre X, ce sont bien
la NSA et le FBI qui étaient
en réalité visés. Moins de cinq semaines
plus tard, le 16 juillet, une enquête préliminaire
était ouverte pour «accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données», «collecte illicite de données à caractère personnel», «atteinte à l'intimité de la vie privée» et «violation du secret des correspondances».
L'enquête était confiée à la Brigade de répression
de la délinquance astucieuse
(BRDA), située rue du
Château-des-Rentiers à Paris. Dans
ce cadre, les présidents de
la FIDH et de la LDH, Karim Lahidji et Pierre Tartakowsky ont été entendus pendant deux heures chacun
à la mi-septembre par le commandant de la BRDA en charge de l'enquête.
Des
services pas très «proactifs»
Par
ailleurs, les avocats des deux associations des droits de l'homme ont remis
à la justice des éléments montrant
la mise en place par les États-Unis
d'un programme de surveillance de métadonnées
à l'étranger et notamment
en France. L'enquête poursuit
donc son cours avant la remise d'un premier rapport au procureur.
Si
selon des sources proches
du dossier, les services de la BRDA n'avaient pas semblé très «proactifs» au début de l'enquête préliminaire, il semble que
cet été un revirement ait eu lieu et que ses enquêteurs mettent les bouchées doubles. Mais cela suffira-t-il pour déboucher sur l'ouverture d'une information judiciaire? Les
avis sont partagés. L'annonce de la convocation de l'ambassadeur
américain par le ministre
des Affaires étrangères est
interprétée par certains comme la «solution du moindre
mal» pour le gouvernement français.
Lundi, dans un
communiqué commun, la FIDH
et la LDH «constatent» que les nouvelles révélations «confortent» la plainte qu'elles ont déposée courant juillet. Elles «ne peuvent que s'étonner
de la pusillanimité des autorités
françaises, qui ont décidé d'enquêter a minima et
font semblant de découvrir
les agissements des autorités
américaines» et «exigent donc
qu'il soit mis un terme à ces palinodies et qu'une instruction soit ouverte sans délai».
D'un
point de vue technique, deux
solutions s'offrent à la justice française.
Attendre de son homologue américaine
qu'elle coopère. Ou avancer via les filiales françaises des fournisseurs d'accès. La seconde semble la plus
plausible.