Les Américains otages du Tea Party
Par
Jean-Sébastien Stehli
le
29 septembre 2013
Sauf miracle de dernière
nanoseconde, à 0:01 heure, mardi matin, le gouvernement des Etats-Unis sera
en chômage technique. La Chambre
des Représentants a voté un
texte repoussant d'un an la
mise en oeuvre de la réforme
de santé et supprimé une taxe sur les appareils
médicaux finançant une partie de cette
assurance pour tous. En adoptant
ces mesures, attachées à celles permettant à l'administration fédérale de continuer à fonctionner,
la Chambre garantit que des centaines de milliers de fonctionnaires seront au chômage à partir de mardi. "Les Américains sont victimes d'extorsion par les anarchistes du Tea Party," a déploré
Harry Reid, le leader Démocrate au Sénat.
Même le Wall Street Journal, pourtant un allié sûr du clan conservateur, a comparé les partisans de la fermeture
du gouvernement fédéral à
des kamikazes. Evidemment, le Tea Party voit les choses différemment. Pour Mike Lee, Ted Cruz et leurs collègues conservateurs au Congrès, obliger le gouvernement à mettre des centaines de fonctionnaires au chômage
technique est un moyen de rappeler aux citoyens que la loi Obama sur la réforme de l'assurance santé est une mauvaise loi.
Et ils sont persuadés qu'une majorité d'Américains sont d'accord avec eux.
Pourtant, les Républicains,
toujours ravis à l'idée de saboter un projet de Barack Obama, savent aussi qu'ils pourraient payer cher leur intransigeance
lors des prochaines élections de mi-mandat. Il y a 17
ans, le même comportement, encouragé par Newt
Gingrich s'était révélé catastrophique pour le GOP, redonnant
ainsi la main à Bill Clinton. Les Américains,
même s'ils ne sont pas enthousiastes de l'assurance santé, sont allergiques au chantage.
John
Boehner, le Speaker de la Chambre avait
deux options: financer Obamacare
et permettre au gouvernement
de continuer à fonction et risquer
une rébellion des conservateurs de son parti. Ou bien provoquer
une fermeture de l'administration. Il a choisi, en
espérant que le prix à
payer lors des prochaines élections ne serait pas trop lourd. Les citoyens décideront.