Wikileaks: A qui profite le
"crime"?
Par Véronique
Saint-Geours
3 décembre
2010
Ironie de l'affaire, Julian
Assange, tintin maléfique à
la houppe fripée, est devenu
lui-même une fuite en Angleterre. L'Amérique vexée se reprend, positive thinking oblige, et
replie les gaules en tentant de banaliser ce qu'elle a d'abord
présenté comme un crime
international. Et le Daily Beast s'interroge sur "l'aide accidentelle que cette affaire apporte à l'Amérique". L'inspecteur Columbo, au volant de sa 403 revient
sur les lieux et traque...l' Amérique.
Quelque chose est
cassé dans le souffle énorme provoqué par ces révélations: du podium de stars des news elles ont reflué
vers les pages intérieures sérieuses livrées à l'analyse des connaisseurs. Le prisme people a fait pschitt et les lecteurs mondiaux des Gala nationaux ont tordu le nez
devant ce qui ne méritait pas un regard. Si encore Berlusconi avait levé le pied pour une escapade avec le pape ou le président français planté tout son monde
pour devenir moine et refonder Tibérine.
Mais cata absolue: rien.
Donc que faire de ces révélations qui, ayant rempli leur
objectif de semer la pagaille, sont peut-être entrain d'échapper complètement à son auteur. Petit retour:
1- L'objectif
de Julian Assange était clairement
de buzzer mondialement sur une faille de l'Amérique et
d'être le héros surpuissant
d'un mega foutoir. Réussi sous cet
angle et Warrolhien puisqu'il
a largement dépassé le 1/4 d'heure de célébrité.
Son geste
produit et lui enfui, une
réflexion mondiale s'est constituée sur l'ampleur réelle,
la dangerosité et l'exploitation
possible de cet évènement.
2- Wikileaks ayant choisi ses cinq diffuseurs, qualifiés par un ancien ministre français des Affaires Etrangères
de blanchisseurs de documents volés,
a placé son larcin à un très haut niveau et obtenu la légitimité qui marche avec. Chaque jour, ces grands quotidiens
synthétisent, commentent et donnent du poids
au contenu de cette décharge volée.
3- Le contenu
des textes (dépêches) écrits par les diplomates et le Département d'Etat montrent un professionnalisme et un métier dont
peu de gens imaginent le sérieux et la préoccupation constante du maintien de la paix et de la connaissance des
pays. Ex: Les relations des USA avec la Chine sur la Corée du Nord ou la recherche d'élites venues de l'intégration par l'ambassadeur
en France Charles Rivkin, sans oublier
le jugement sans appel de DSK sur S.R. en 2007...
4- C'est la plus grande campagne gratuite de
communication organisée en faveur
des diplomates américains. C'est l'arroseur arrosé et si
Julian Assange voulait ridiculiser
la diplomatie américaine c'est raté.
Alors Obama a réalisé qu'il valait mieux
se rendre maître du jeu qu'en distribuer les cartes dans le monde entier puis faire le ménage et profiter de la situation. A la une, Eric Holder le Ministre de
la Justice, pour les poursuites et
Hillary au boulot, une fois son brushing retapé.
A quoi pourraient
encore servir ces fuites?
°Elles
pourraient faire gagner un temps appréciable aux US en
relations internationales après analyse
des commentaires des pays cités.
°Tout est sur la table et les arrières pensées des uns sont sur
le même plan que les arrières pensées des autres. Donc on avance à 200 à l'heure
sur de nombreux problèmes.
°Cette
psychanalise de groupe devrait faciliter les rapports
entre les personnes de la carrière
et faire tomber des tabous relationnels.
°Pourquoi
ne pas en faire un sujet de
la prochaine Assemblée Générale de l'ONU? Thème: Communication diplomatique
et vérité. Deux cas
concrets l'Iran et Israël en année 1!
°Publication, chaque année, de l'annuaire Wikileaks avec les meilleures
feuilles Wikileaks publiées
avec l'approbation du Département
d'Etat. C'est quand même le maillon
faible de tout ça: le New York Times qui demande
l'accord de la Maison
Blanche. On est peut-être déjà dans WeakyLies.