La fièvre américaine
Par Jean-Sébastien
Stehli
le 2 novembre
2010
Depuis des mois, on ne parle
plus que de cela. Le Tea Party, une congrégation de gens qui croient dans le créationisme, mais nient la réalité
du réchauffement climatique,
qui décrient un Etat trop intrusif, mais qui fouillent dans les archives des administrations pour traquer et publiquement dénoncer ceux qu'ils
accusent d'être illégalement
sur le territoire américain, qui font sans cesse référence aux Pères Fondateurs, mais qui bafouent l'esprit de la République désirée par Washington,
Jefferson, Benjamin Franklin, James Madison et les autres.
Ces
bigots au tour de taille trop
large et aux 4X4 dévoreurs d'énergie,
occupent le devant de la
scène alors qu'en réalité ils ne représentent qu'eux-mêmes, c'est à dire pas grand chose. Surtout, quels que soient les résultats du vote de ce mardi 2 novembre,
ils sont une bulle sinistre
qui finira par disparaître aussi rapidement qu'elle s'est formée.
Parce que le Tea Party n'est
rien d'autre qu'une de ces crises obsessionnelles que l'Amérique connaît régulièrement.
Que ce soit
les sorcières de Salem, la chasse aux sorcières de Joe McCarthy, la précédure
d'empeachment contre Bill
Clinton, la Prohibition ou encore les grandes déclarations du Contract
with America, de Newt Gingrich, un pacte qui devait ouvrir la voie à des années de majorité Républicaine et qui a disparu en deux années, l'Amérique aime ces obsessions. C'est le côté fiévreux des Puritains. On aime la montée de fièvre pour la volupté du repentir qui suivra.
Evidemment, derrière les fervents du
Tea Party, il y a les gros intérêts financiers qui, eux, seront toujours là, mais le peuple
des agités, des paranoiaques
qui imaginent que l'Etat va bientôt
envoyer ses commissaires politiques et qu'ils sont à la veille des purges staliniennes, ceux là finiront
pas disparaître comme ils sont arrivés.
On aurait aimé que ceux qui, actuellement,
se réclament si fort et si souvent des grands principes de la Constitution
aient la même indignation lorsque la Cour Suprême a ignoré leur voix et déclaré
George Bush vainqueur d'une
élection qu'il avait perdue, recevant
au total 544.000 voix de moins
que son adversaire, Al Gore.
Les représentants du Tea Party vont donc sans doute faire leur entrée au Congrès où on n'entendra qu'eux pendant quelques mois. Et comme tous ceux
qui les ont précédés, ils finiront par disparaître, victime de leur incompétence, lorsque les électeurs auront repris leurs
esprits. Pas trop
tard, on espère.