Obama, la télé et le syndrome Carter
Par Pierre Rousselin
18 juin
2010
Comme Jimmy Carter avec le rappel quotidien
par les télévisions de la prise
d'otages à Téhéran, Barack
Obama risque d'être la victime
des images montrant, en direct, le brut qui se répand au fonds du Golfe du Mexique
Les comparaisons
entre Obama et Carter, à l'héritage
tant décrié, étaient, jusqu'à récemment, le fait des néoconservateurs
qui faisaient assaut de mauvaise foi pour enfoncer un président dont l'orientation idéologique ne leur plait pas.
Ces comparaisons commencent à prendre de la
substance. La plus grande catastrophe écologique de tous les temps aux Etats-Unis monopolise l'attention de la Maison Blanche et l'intérêt des médias comme ce
fut le cas pendant la presidence de Jimmy Carter, avec l'affaire
des otages américains de l'ambassade à Téhéran.
Pendant les 444 jours de la crise des otages, les chaines ouvraient leur journal en rappelant le sort des diplomates
retenus à Téhéran. Aujourd'hui, chaque fois qu'elles parlent
de la marée noire - et c'est tout le temps- les télévisions
partagent l'écran en deux, pour montrer le brut qui s'échappe en direct du puit foré à 1.500 mètres de profondeur.
Le décompte
des jours depuis l'accident fatal du 20 avril
-nous en sommes à soixante jours- rappelle celui d'il y a trente ans à propos des otages en Iran.
Les deux
crises se ressemblent en ce qui ni Carter ni Obama ne sont maîtres de la situation. Comme le
souligne Bill Schneider dans
Politico, "le pouvoir consiste
à avoir la capacité de contrôler les événements".
Face à la marée nopire,
Obama risque d'apparaître aussi impuissant que Carter face
à la crise des otages en
Iran.
Obama doit
éviter ce
piège et ne pas se laisser
la marée noire et les médias
lui dicter son agenda comme ce fut
cas pour Carter, estime
Bill Schneider.
La comparaison entre
l'effet pour l'industrie nucléaire de l'accident à la centrale de Three Mile Island, en 1979 et l'effet que la marée noire peut avoir pour les forages off-shore revoie
encore à la période de Jimmy Carter.
Cette semaine, après son premier discours télévisé depuis le Bureau ovale (jugé sévèrement par les commentateurs américians), Barack
Obama a tout de même réussi
à obliger British Petroleum à prévoir
un fonds de 20 milliards de dollars pour dédommager les vctimes de la marée noire.
A voir
le lynchage qu'a subi le président de BP, Tony
Hayward lorsqu'il a été soumis hier à un interrogatoire musclé retransmis en direct depuis le Congrès, le principal espoir de
la Maison Blanche est de voir la colère de l'opinion se détourner sur la compagnie pétrolière.
L'autres espoir, infime
celui-là, est que les télévisions et leurs spectateurs se lassent de ces images provenant du fond de la mer, qui
ne varient pas et finissent
par être lassantes...
Elles risquent cependant d'occuper les écrans et les esprits
jusqu'à ce que l'on arrive à faire cesser la fuite, mais cela n'est
pas pévu avant le mois d'août.