Obama et le syndrome Katrina

 

Par Pierre Rousselin

 

4 juin 2010

 

Barack Obama n'est pour rien dans le déclenchement de la marée noire dans le golfe du Mexique. C'est tout de même déjà la plus grave catastrophe écologique de l'histoire de l'Amérique et le président des États-Unis n'en sortira pas indemne.

Hier, il s'est rendu sur les plages menacées, pour la troisième fois depuis l'explosion du 20 avril, qui a coûté la vie à onze personnes sur la plate-forme de forage de British Petroleum. Sa présence n'aide en rien les tentatives de colmatage de la fuite, à 1500 mètres de profondeur. Elle vise à montrer que le chef de l'État se soucie de l'ampleur du désastre et mobilise ce qui peut l'être pour limiter l'impact de la pollution.

 

Six semaines d'impuissance ont donné des munitions aux adversaires de la Maison-Blanche. Ils accusent le président d'avoir tardé à prendre la mesure de la catastrophe, de manquer de sévérité à l'encontre de BP et de ne pas avoir pris le contrôle des opérations de lutte contre la marée noire.

 

Le détachement qui est sa marque ne lui a pas servi dans ces circonstances. Il lui faut maintenant faire oublier son côté «Mr Cool», exprimer sa «colère» contre les responsables «qui n'ont pas mesuré les conséquences de leurs actes» et faire preuve de compassion à l'égard des populations qui n'ont pas fini d'en subir les effets.

 

Même si le bilan matériel et humain n'est pas comparable, le précédent de Katrina s'impose à tous. George W. Bush avait payé un lourd prix politique pour son inaction lorsque l'ouragan de 2005 avait dévasté La Nouvelle-Orléans. Obama veut éviter le même écueil.

 

Mais, comme il y a cinq ans, les Américains ont du mal à comprendre que le gouvernement soit aussi démuni et que la technique ne puisse venir à bout de la catastrophe. Ils attendent de leur président qu'il trouve une solution.

I

l faudra sans doute des mois, si ce n'est des années, pour nettoyer les plages et dissoudre la nappe de pétrole. À l'approche des élections au Congrès du mois de novembre, la Maison-Blanche est vulnérable à toute montée de mécontentement.

 

Sa politique de l'énergie, qui consistait à autoriser les forages en eaux profondes pour faire passer sa loi sur le climat, est une première victime. Il est à craindre que l'Administration ne soit paralysée par la marée noire comme elle l'a longtemps été par le débat sur la réforme de la santé.