Un piège pour Israël et Obama
Par Pierre Rousselin
le 1 juin 2010
La crise
déclenchée par le raid israélien
contre la flottille humanitaire au large de Gaza arrive à un
mauvais moment pour Barack Obama. Elle compromet ses
efforts pour lancer des pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens et complique le débat sur les sanctions à prendre au sein de l'ONU pour freiner le programme nucléaire iranien.
La Maison-Blanche
s'est gardée de réagir avec sévérité à l'encontre d'Israël. Elle a limité les effets d'une première réunion tenue à chaud par le Conseil de sécurité en empêchant la Turquie d'imposer une condamnation
de l'intervention militaire
israélienne.
Pour gagner
du temps, en espérant que
les esprits se calment, une enquête « impartiale » a
été exigée. Le Conseil de sécurité demande la libération « immédiate » des civils appréhendés en Israël, mais, comme
ceux-ci sont dans leur majorité
européens, la réaction est plus vive
en Europe qu'aux États-Unis.
Le temps presse.
Compte tenu du fiasco que le raid meurtrier signifie en termes d'image pour Israël, il est
urgent que les militants propalestiniens
arrêtés soient relâchés et rapatriés le plus vite possible.
Comme le voulaient les instigateurs de la flottille humanitaire, l'affaire attire en effet l'attention sur le blocus imposé
à la bande de Gaza par Israël
depuis la prise du pouvoir par le Hamas, en 2007. L'Union
européenne exige depuis longtemps la levée de l'embargo, alors que les États-Unis
ont adopté une position plus nuancée. Ils ont délibérément ignoré la situation
à Gaza en privilégiant la voie
des pourparlers indirects
entre le gouvernement israélien
et l'Autorité palestinienne.
La crise
actuelle montre les limites de cette démarche. Elle transforme le
rapport
de forces entre Israéliens et Palestiniens, qui retrouvent leur statut de victimes
aux yeux de l'opinion
internationale, un statut qu'ils avaient perdu en se livrant aux attentats suicides et aux attaques
de roquettes.
En s'enfermant
dans le piège qui lui a été
tendu, Israël complique les efforts engagés
pour l'adoption de sanctions contre
l'Iran. Voilà que l'attention du Conseil de sécurité est détournée et que sont compromises les tentatives américaines de se concilier des soutiens pour faire
adopter des mesures qui devraient
être une priorité pour l'État hébreu. Il est
urgent qu'Israël se dégage
du traquenard où la diplomatie américaine risque d'être entraînée.