Remise en marche
franco-américaine
Par Pierre Rousselin
28 mars 2010
La visite
de Nicolas Sarkozy à la Maison Blanche arrive au bon
moment. Pour le président français,
c'est l'occasion d'échapper aux contingences intérieures
au lendemain des régionales.
Mais pas seulement : il va enfin pouvoir se poser en interlocuteur privilégié d'un président américain délivré de l'hypothèque que représentait pour lui le débat interminable au Congrès sur sa
réforme de la santé.
Barack Obama a déjà montré l'objet de cette visite. En invitant le couple présidentiel français pour un dîner, ce soir, dans
ses appartements privés, il rompt
le protocole et veut faire oublier le déjeuner à l'Elysée qu'il avait peu élégamment
esquivé lors de son passage,
l'été dernier, à Paris. Ainsi
doivent prendre fin les rumeurs d'une soi-disant mésentente entre les deux hommes.
Bien sûr,
ils ne sont
pas faits du même bois. L'un est
aussi réservé que l'autre est
expansif. Le président américain ne va
pas soudain se livrer à des
effusions peu conformes l'image qu'il s'est
construite. Mais il est avant tout pragmatique et le
moment est venu dans son mandat où il ne s'agit
plus de dresser le décor mais d'obtenir
des résultats. Et donc de compter ses alliés.
L'obstacle de la réforme de la santé levé, la présidence Obama entre dans le vif du sujet. Il a fallu un an pour que la « remise en marche » des
relations avec la Russie débouche
sur l'accord qui vient d'être conclu sur le désarment. Le moment doit être
aussi à une « remise en marche » de l'entente franco-américaine.
On dit
beaucoup qu'Obama n'a pas un tropisme européen
et qu'il ne s'intéresse à vous que si
vous êtes capable de lui apporter des solutions. Voilà un défi
à relever ! Sans prétention excessive. Mais sans négliger
l'impact de l'appui qui peut être apporté.
Dans le contexte de plus en plus
difficile au Proche-Orient,
sur le dossier prioritaire
du nucléaire iranien, la
France et les Etats-Unis se rapprochent et peuvent s'épauler. Il en est de même pour renforcer la gouvernance mondiale face à la crise financière, dans les relations
avec Moscou ou avec Pékin.
Barack Obama a besoin de soutiens avant les élections de novembre au Congrès. Nicolas
Sarkozy prépare, lui, l'année 2011, pendant laquelle il présidera
le G-8 et le G-20. Les deux hommes n'ont pas changé mais les circonstances évoluent. Il ne s'agit plus de se jauger mais d'agir.