Al-Qaeda: Obama dans les pas
de Bush
Par Yves Thréard
le 29 décembre
2009
Bill Clinton, George W. Bush,
Barack Obama. Les présidents américains
passent et le terrorisme d'al-Qaida poursuit son œuvre de mort. Depuis 1998 et les
attentats contre les ambassades des États-Unis au
Kenya et en Tanzanie - 224 morts
-, aucun d'eux n'a réussi à contrer
la « guerre contre les infidèles
» lancée par Oussama Ben
Laden.
Clinton voulait
arrêter l'ennemi public n° 1
avant la fin de son second mandat.
Bush a consacré ses huit ans de présidence
à traquer ce dernier, promettant une récompense de 50 millions de dollars. Barack Obama, installé depuis un an à la Maison-Blanche, muscle son verbe
et dit vouloir « détruire et vaincre les extrémistes » depuis la tentative
d'attentat déjouée du vol Amsterdam-Detroit.
Trois présidents, trois sensibilités, mais un objectif toujours aussi insaisissable. À la lumière de l'angoissante menace
du « djihadisme », trois constats s'imposent.
D'abord, l'humilité interdit les commentaires intempestifs et définitifs sur al-Qaida. Cette armée de criminels que l'on annonce
régulièrement aux abois. Fonctionne-t-elle avec un commandement
centralisé ou selon un mode « franchisé », permettant à tous les fous d'Allah de s'en réclamer ? Sans doute un peu les deux. Seule
certitude : les messages authentifiés de Ben Laden ou de ses lieutenants sont toujours suivis de sombres initiatives.
Ensuite, cette organisation
profite de la faiblesse de nombreux États pour s'y installer durablement. En Somalie, terre incontrôlable de la Corne de l'Afrique. Au Yémen, où s'est entraîné
et a pris ses ordres le jeune Nigérian du vol pour Detroit. C'est dire si les efforts des Américains et de leurs alliés ne peuvent se limiter à l'Afghanistan et au Pakistan, bases originelles
d'al-Qaida.
Enfin, Barack Obama, déterminé à incarner « l'antibushisme », doit se rendre à la réalité. Tout comme ses admirateurs les plus zélés. Son discours apaisant du Caire sur l'islam n'avait
aucune chance d'être entendu
par les terroristes. Attendons
de voir si son changement de stratégie en
Afghanistan, entamé par son prédécesseur,
porte ses fruits. Dans le même temps, il promet que
la sécurité sur le territoire américain sera renforcée, n'en déplaise aux défenseurs les plus acharnés des libertés publiques. Bref, entre Bush et
Obama, face à la menace islamiste, la différence pourrait vite s'estomper.