Foire d'empoigne à Copenhague
Par Pierre Rousselin
le 16 décembre 2009
EDITO C'est dans
une grande confusion que la Conférence de Copenhague aborde sa phase décisive.
Il peut difficilement
en être autrement lorsque cent-quatre-vingt-dix
pays négocient directement
des questions aussi cruciales
qui ont trait à la survie
de la planète et qui impliquent,
dans chaque nation, des choix stratégiques.
Que la conférence sur le climat suscite
un tel intérêt
représente, en soi, un
immense progrès. Cela dénote une prise
de conscience universelle des dangers d'un développement qui ignore notre environnement.
Mais que des questions aussi complexes soient discutées dans un
forum aussi
large et si peu organisé montre que nous avons beaucoup de progrès à faire pour améliorer la
gouvernance mondiale.
Fixer des objectifs
équitables pour les émissions
de gaz à effet de serre, mobiliser des ressources considérables pour
aider les pays les plus démunis, décider
de mécanismes de contrôle : l'ordre du jour est plus ambitieux à Copenhague que dans aucune
autre enceinte internationale.
Faire entrer
les États-Unis, l'Inde et la Chine dans le cadre établi en plus petit comité à
Kyoto n'est pas simple. D'où
cette impression de foire d'empoigne où chacun
avance ses
chiffres sans tenir compte des bases de référence retenues par ses partenaires et, souvent, sans préciser comment il entend y parvenir. Comment s'assurer que les engagements pris seront tenus ?
La négociation
est d'autant
plus ardue que le monde est devenu plus compliqué. Avec l'émergence de la
Chine, de l'Inde et du Brésil, il n'y
a plus, d'un côté, les riches et, de l'autre, les pauvres. Il n'y a pas non plus, d'un côté, l'Occident, et de l'autre, le reste du monde. L'époque est
révolue où un pays, ou un groupe de pays, pouvait imposer sa volonté à l'ensemble de la planète. Le passage du G7 au G20 a
été une étape
de ce processus. Copenhague en est
une autre.
Dans le chaos ambiant, la France
tente de mettre un peu d'ordre.
Nicolas Sarkozy a rallié à ses propositions le Brésil,
pays clé parce qu'il est en plein
développement et qu'il possède, en Amazonie, la plus grande forêt au monde. Avec l'Afrique, particulièrement vulnérable au réchauffement climatique, un partenariat
est aussi en gestation. Objectif : amorcer un consensus pour entraîner les autres grands pays.
Accord ou
pas à Copenhague, pour mettre fin à la foire d'empoigne, la création d'une organisation mondiale de l'environnement s'impose.