Guerre et paix,
selon Obama
Par Pierre Rousselin
10 décembre
2009
EDITO Il est rare qu'un Prix Nobel de la paix reçoive sa distinction en se faisant l'avocat des « guerres justes » à mener pour défendre la concorde mondiale. Face à la controverse suscitée par ce prix, octroyé
avant même qu'il ait obtenu
de résultat, Barack Obama ne pouvait
se contenter de remerciements
convenus.
Un double piège lui était tendu.
Il lui fallait,
d'abord, accepter de bonne grâce les éloges du prestigieux jury, mais sans se prendre au jeu et sans donner l'impression de profiter d'une popularité bien supérieure à l'étranger qu'aux États-Unis. Il lui fallait,
ensuite, se démarquer
des aspirations pacifistes des
Nobel, pour ne pas prêter le flanc
aux critiques de ceux qui jugent
naïve son approche consensuelle
des questions internationales.
Barack Obama a donc profité de la tribune qui lui était offerte
pour prononcer un de ces discours fondateurs
qui sont sa marque. Le recours à la force peut être « nécessaire et moralement justifié » parce que
« le
mal existe sur la terre », a-t-il expliqué, répondant à ceux qui trouvent trop idéaliste sa vision du monde.
L'objectif restait de marquer sa différence
avec son prédécesseur, en apportant
sa réponse à la doctrine de
« guerre
préventive » si imprudemment
appliquée à l'Irak par
George W. Bush. Pour Obama, la guerre doit être menée en suivant
« des
règles de conduite » qui « nous distinguent de ceux que nous combattons » et
permettent à l'Occident de défendre ses valeurs.
D 'où sa décision d'interdire la torture
et de fermer Guantanamo.
Il y avait aussi
dans son discours une mise en garde
à l'Iran, mais rien de belliqueux. « Les nations qui brisent
les règles du jeu doivent être tenues
responsables de leurs actes. Elles s'exposent
à des sanctions qui doivent avoir
un prix réel », a-t-il dit, tout en reconnaissant que la pression ne serait efficace que lorsque le monde serait vraiment uni.
L'attribution du prix Nobel de la paix, dans des circonstances controversées, aura permis à
Barack Obama de préciser sa pensée sur un sujet aussi
grave que la guerre et la paix.
Une fois de plus, son propos
sans faille est destiné à satisfaire un peu tout le monde, des partisans des droits
de l'homme aux défenseurs
de la sécurité nationale. Mais, après le temps des discours,
c'est sur ses actes
que sera jugé Obama.