Afghanistan
: le pari d'Obama
Par
Pierre Rousselin
le 2 décembre 2009
Barack Obama veut refaire en Afghanistan ce qui a plus ou
moins réussi en Irak. Le renfort annoncé de 30.000 hommes est censé
permettre d'amorcer un retrait d'ici juillet
2011. C'est la stratégie que Robert Gates et le général Petraeus avaient mis en place à Bagdad en janvier
2007 pour le compte de George W. Bush.
Dans son discours de mardi soir, le président américain a singulièrement réduit les objectifs qu'il s'était fixés en mars lors de sa
première intervention sur l'Afghanistan.
Il ne s'agit plus de construire un Etat stable, politiquement et économiquement, mais bien de préparer
le retrait des troupes américaines
et étrangères.
En fixant
une date pour le début de ce retrait (juillet 2011) le président rassure les démocrates qui sont très réticents
face à ce qu'ils voient comme un nouveau Vietnam. Il met la pression sur le président Hamid Karzaï en espérant que cela
l'incitera à prendre ses responsabilités pour la
formation de l'armée afghane
et pour une meilleure gouverannce.
Il prend un grand risque. Celui d'inciter
les talibans à adapter leur
stratégie -militaire et politique- en fonction du départ programmé des troupes étrangères.
Dix-huit mois sont vite passés.
Chacun des acteurs, au
premier rang desquels le gouvernement
en place à Kaboul, va maintenant se déterminer en fonction de l'idée qu'il se fait de la
situation en juillet 2011.
Politiquement, Obama n'avait pas vraiment le choix, compte tenu de la situation aux Etats-Unis. Son pari
n'est pas perdu d'avance. Les alliés européens de l'Otan demandaient qu'une stratégie soit définie pour sortir d'Afghanistan. Une conférence a été prévue pour cela à Londres à la fin janvier. Obama les a pris au mot. S'ils veulent préserver
leurs relations avec Washington, il leur sera plus difficile désormais de refuser des contributions demandées
pour un effort présenté comme
limité dans le temps.