Iran : l'occasion manquée
Par
Pierre Rousselin
le
23 octobre 2009
L'Iran ne
perd jamais une occasion de perdre une occasion.
La formule
de l'ancien chef de la diplomatie
israélienne, Abba Eban, s'appliquait aux Palestiniens, mais elle convient
parfaitement au refus obstiné du régime des mollahs de trouver une issue honorable à la
question du nucléaire iranien.
C'était une occasion en or qui était offerte à Téhéran, une offre
négociée en secret depuis juin entre les États-Unis, la Russie et l'AIEA, l'agence de l'ONU chargée de contrôler l'accès au nucléaire.
Il s'agissait
de récupérer 75 % du stock d'uranium déjà légèrement enrichi - illégalement - en Iran, de l'enrichir
davantage en Russie et de
le façonner ensuite en
France pour qu'il serve de combustible dans le réacteur de recherche dont dispose - légalement - Téhéran. Le
combustible livré devait être à usage médical et ne pourrait servir à des fins militaires.
Ainsi, la communauté internationale passait l'éponge sur les dissimulations passées du programme nucléaire iranien et prenait acte des activités d'enrichissement qu'elle tente pourtant
sans succès de suspendre, sinon d'arrêter, depuis plus de sept ans. Le
principal intérêt de l'offre
était que l'on reculait de quelques années le moment où l'Iran serait
capable de se doter de l'arme nucléaire.
La République
islamique vient de répondre par un véritable camouflet. L'enrichissement en
Iran va continuer. Les mollahs
affirment crânement qu'ils préfèrent garder le stock d'uranium qu'ils ont enrichi, au mépris de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, et acheter à l'étranger ce dont ils
ont besoin pour alimenter leur réacteur expérimental.
La contre-proposition
iranienne vise, une fois de plus, à gagner du temps.
Elle est évidemment
inacceptable. Mais ce ne
sera pas la fin de l'histoire. Les discussions engagées sont allées
trop loin pour s'arrêter
net, Barack Obama ayant trop
besoin d'un succès diplomatique.
Les manœuvres
aériennes israélo-américaines
« Juniper Cobra » montrent que l'option militaire
est toujours sur la table, tout comme le durcissement des sanctions. Chacun
sait que les négociations n'avanceront que si la pression
est maintenue sur Téhéran. Une
seule chose est en train de
changer : l'Iran fait
la preuve de son incapacité
à saisir la main qui lui a été tendue.