Iran : l'heure du choix
Par
Pierre Rousselin le 18 octobre
2009
EDITO L'attentat qui a causé la mort, hier, de cinq commandants des Gardiens de
la révolution confirme la dégradation de la situation intérieure
dans la République islamique au moment où le dossier
du nucléaire iranien retrouve sa place en tête des priorité des préoccupations internationales.
L'attentat-suicide revendiqué par un groupe sunnite au Baloutchistan survient à la veille d'une rencontre
cruciale à Vienne, dans le
cadre de l'AIEA, destinée à
mettre en œuvre l'accord conclu le 1er octobre à Genève entre l'Iran et
la communauté internationale.
La rapidité
avec laquelle Téhéran a accusé les États-Unis d'être à l'origine de l'attaque contre les Gardiens de la révolution est
révélatrice. Ali Larijani s'est saisi de l'attentat pour dénoncer une preuve de l'« animosité » américaine et affirmer : « Obama a dit qu'il tendait la main à l'Iran mais avec cette action il s'est brûlé la main ». Cette réaction du président
du parlement iranien trahit la hantise créée au sein du régime des mollahs par la politique d'ouverture de Washington.
Comment réagir
aux offres de dialogue alors
qu'il était si facile de se contenter de profiter du très large rejet que suscitait
l'Administration de George W. Bush ?
A Vienne,
les Iraniens vont devoir répondre à cette question. Ils
ont accepté à Genève de livrer l'uranium qu'ils ont faiblement
enrichi pour qu'il soit traité à l'étranger
afin de servir de
combustible pour un réacteur de recherche
aux applications uniquement civiles.
Accepteront-ils de livrer
tout le minerai enrichi dont ils disposent ? Ou bien vont-ils
chercher à en conserver, à en dissimuler
et à susciter de nouveaux problèmes
pour gagner du temps ?
De deux
choses l'une:
*
Ou bien un
mécanisme peut être mis en place pour assurer une désescalade dans cette affaire. Téhéran choisirait de rentrer dans le rang tout en sauvant la face afin de pouvoir concentrer son énergie sur le règlement de ses
problèmes intérieurs.
*
Ou bien, au contraire, la fragilité croissante du régime iranien le conduit à se crisper et
à tenter de refaire l'unité en suscitant un réflexe nationaliste.
Des deux hypothèses, la première n'est pas la plus probable. Il faut
toutefois espérer qu'elle prévaudra. La rencontre de Vienne devrait nous fournir une bonne
indication de l'orientation choisie
à Téhéran.