Climat
: Obama sous pression
Pierre
Rousselin
23/09/2009
EDITO - Malgré les attentes suscitées par Obama, les
États-Unis pourraient bien être le principal obstacle à
un traité remplaçant le protocole de Kyoto. Par Pierre Rousselin.
Sur le climat,
comme sur le reste, Barack Obama est un orateur formidable. Mardi à l'ONU,
il n'y avait
pas meilleur avocat de la lutte contre le réchauffement climatique. Une fois de plus, son argument
choc était de souligner le contraste avec l'Administration précédente :
«Je suis fier de dire que les États-Unis en ont fait plus pour promouvoir une énergie propre
et réduire la pollution au carbone
pendant les huit derniers mois qu'à aucun
autre moment de notre
histoire.» Certes. Mais le monde attend des actes.
À trois
mois du sommet de Copenhague, la pression monte. Malgré les attentes suscitées par Obama, les
États-Unis pourraient bien être le principal obstacle à
un traité remplaçant le protocole de Kyoto, qui expire à la fin de 2012.
La raison en est simple : le Sénat américain n'est pas pressé de voter un projet de loi réduisant
les émissions de CO2, approuvé
par la Chambre des représentants.
Les républicains sont tous contre et les démocrates sont divisés. La lutte contre le réchauffement climatique fait les frais du
retard accumulé par la réforme
sur l'assurance-maladie. En
l'absence d'un vote au Congrès,
Obama se retrouvera à Copenhague
sans mandat de négociation.
Pendant ce
temps, les autres grands pollueurs avancent. L'Europe fait la course en tête
avec son paquet énergie-climat
adopté sous présidence française. Le Japon du nouveau premier ministre,
Yukio Hatoyama, vient de lui emboîter le pas. Même la Chine, devenue le premier
pollueur de la planète et exemptée à Kyoto au titre du rattrapage de son économie, fait preuve d'une bonne
volonté louable. Le président Hu Jintao
s'est engagé hier à réduire «notablement» l'intensité en gaz carbonique de sa croissance économique.
Reste à préciser de combien.
Jusqu'à présent, les plus récalcitrants aux États-Unis se retranchaient derrière l'apathie
de la Chine pour traîner les pieds.
Quant aux Européens, ils hésitaient à critiquer Obama pour
ne pas gêner ses efforts
vis-à-vis d'une opinion publique
encore sceptique.
À mesure
que se rapproche l'échéance de Copenhague, il va devenir
nécessaire de faire monter
la pression pour que le tournant si longtemps
attendu aux États-Unis se traduise sur le plan des
engagements internationaux. Tel est
l'objectif du sommet proposé par Nicolas Sarkozy pour le mois
de novembre. Mais, même ainsi, il
ne sera pas facile, comme le souhaite
le chef de l'État, de «sortir
des jeux de rôle, des discours qui ne sont pas suivis d'effets, des jeux diplomatiques, pour mettre sur la table des
propositions concrètes».