Le moment de vérité
d'Obama
L'éditorial de Pierre Rousselin.
24/07/2009
Étendre la couverture médicale à tous les Américains, alors qu'ils sont 47 millions à en être privés, constitue
un projet phare qui doit donner le ton des années Obama. C'était une des grandes promesses de sa campagne.
Cela doit être, sur
le plan intérieur, le principal résultat
de son premier mandat.
Pour réussir,
le président ne peut attendre. Six mois après son arrivée à la Maison-Blanche, il a promis
de faire voter la réforme avant
les vacances parlementaires
de l'été, début août. S'il est
aussi pressé, c'est parce que
le calendrier politique est très serré
au Congrès, où la fenêtre de tir pour le passage
des grandes réformes va vite se refermer.
Dès l'automne, les représentants ne vont plus penser qu'à leur
réélection, un an après.
Quant au président, sa «lune de miel» est en train de se terminer.
La crise
économique n'aide en rien. Il a fallu
jusqu'ici parer au plus pressé et faire passer des plans de relance.
Les réformes ont
dû attendre. Et le déficit s'est
tellement creusé qu'il n'y a plus la moindre marge de manœuvre.
Barack Obama a beau être encore très populaire - davantage que ses politiques -, son parti a beau dominer largement les deux Chambres du Congrès, l'adoption de la réforme est loin d'être acquise.
Mercredi soir, lors
de sa conférence
de presse, Barack Obama était
sur la défensive, ne réussissant pas à expliquer clairement comment la réforme serait financée sans peser sur les comptes
publics.
La cohésion
du Parti démocrate est à dure
épreuve. Taxer les riches est évidemment
la recette de l'aile gauche
pour une réforme aux
accents très progressistes.
C'est la solution retenue
par Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants. Mais il
y a dans le parti du président un courant très
important, celui des démocrates
fiscalement conservateurs. Ces derniers ne veulent pas entendre parler d'un impôt sur les hauts revenus.
Au Congrès, les uns et les autres se déchirent. Barack Obama tarde à trancher alors qu'il devrait imposer ses vues
à ses propres troupes.
Les républicains
ne se sont pas encore remis
de leur déroute à la présidentielle, mais ils savent
qu'ils tiennent là l'occasion de préparer leur revanche.
La même stratégie leur avait souri
au début du mandat de Bill Clinton lorsqu'ils étaient venus à bout de la réforme du système de santé préparée par Hillary.
S'ils parviennent à faire trébucher
le président maintenant, sur une question aussi symbolique, la campagne pour les élections de
mi-mandat sera très ouverte.
Barack
Obama doit faire attention. C'est maintenant que
se joue son premier mandat.
S'il perd cette bataille,
son autorité politique sera
entamée.