Plaidoirie de la dernière chance pour la Scientologie

 

Angélique Négroni

 

17/06/2009

 

Le procès s'est achevé mercredi sur les mots de Me Patrick Maisonneuve contestant toute escroquerie de la part de ses clients. Le jugement sera rendu le 27 octobre.

 

Justice

 

C'était la plaidoirie de la dernière chance et Me Maisonneuve y a jeté tous ses arguments pour tenter de convaincre le tribunal. Après des réquisitions qui équivalent à la mise à mort de la Scientologie en France - puisque la dissolution de ses deux structures phares a été réclamée lundi - le ténor du barreau de Paris a tout fait pour défendre cette organisation. Une mission périlleuse tant le réquisitoire accusant la Scientologie de n'être qu'une vaste escroquerie en bande organisée était encore présent dans les esprits.

 

Mais Patrick Maisonneuve, qui avait déjà été le défenseur de cette organisation lors d'un important procès à Lyon, en 1996, connaît son sujet. Et il le maîtrise tellement bien qu'il lui donne une dimension internationale. Un petit tour du monde aux destinations habilement choisies qui lui a permis de montrer à quel point la France adopte en la matière une position isolée. La Scientologie est enregistrée comme une religion aux États-Unis, au Portugal, au Québec et, depuis 2008, en Espagne, rappelle-t-il.

 

«Escrocs sans gagner d'argent

 

«Et nous, nous allons brûler les livres de Ron Hubbard dans la cour de la Sainte-Chapelle !», lance-t-il en signalant ensuite que le tribunal serait encore bien seul à juger que les membres de cette structure mènent une activité commerciale. Les États-Unis, la Suède, l'Italie l'Afrique du Sud ou encore l'Autriche ont considéré que la Scientologie n'était pas une entreprise commerciale, souligne-t-il.

 

Revenant sur les faits reprochés en France, Me Maisonneuve a voulu épargner au tribunal une longue plaidoirie qui a clôturé plus de trois semaines de débats. Il a préféré donner des éclairages ciblés sur des points lui paraissant essentiels. L'argent, tout d'abord. Sur ce volet, les scientologues au domicile desquels des caisses d'argent n'ont certes pas été retrouvées, sont ironiquement félicités par leur défenseur. «Ils sont extraordinaires. Ils sont escrocs sans gagner d'argent

 

Puis le test de personnalité, présenté comme l'arme fatale, le moyen systématiquement utilisé pour capter de nouveaux clients. Les membres de l'organisation sont une fois de plus «salués» par leur avocat. «Ce sont des escrocs qui mettent en place un test bidon, et ces escrocs vont continuer à faire ce test pour eux-mêmes», grince-t-il. Un argument qui, il est vrai, est assez troublant dans cette affaire. Ces scientologues qui, selon l'accusation, piègent leur victime par toutes sortes d'artifices - le test, l'électromètre (cette machine à mesurer les émotions), les saunas de quatre heures pour purifier l'âme et le corps -, se piégeraient donc eux-mêmes, en recourant à ces pratiques. Dans ce procès «sous haute tension et un peu sous le regard de tous», Me Maisonneuve, qui est même parvenu à détendre un peu l'atmosphère et à arracher quelques rires, a tenté de corriger l'image de la Scientologie sérieusement mise à mal par le parquet. Le tribunal rendra son jugement le 27 octobre prochain.

 

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